2.2. A propos de la gestion de l’eau en milieu urbain

La modélisation des processus hydrologiques (cycle de l’eau, érosion des sols, évacuation des eaux pluviales et des polluants…) semble être une piste pour la gestion intégrée des eaux (VILLENEUVE et al., 1998), de même que beaucoup d’autres approches prenant en compte la prévention du risque d’inondation (GILARD et GENDREAU, 1998), les outils d’aide à la décision (DUPONT et al., 1998) et les décisions en matière de risque (BERNIER, 1998).

Pour GANOULIS (2001), le concept de gestion de l’eau implique actuellement la notion de durabilité dans la gestion des eaux, intégrant des préoccupations sociales et environnementales aux critères traditionnels de performance technique et d’efficacité économique. La gestion de l’eau doit s’adapter aux nouveaux changements socio-économiques qu’imposent les mutations des sociétés actuelles. Du fait d’une certaine unanimité sur les limites de la technique, seule à même de résoudre la question de l’eau, et sur les nouvelles techniques informatiques appliquées (DUPONT et al., 1998) à la planification et à la gestion des ressources en eau (SIG par exemple), les changements ont entraîné la prise en considération de la gestion des ressources en eau en tant que processus technico-social compliqué, impliquant diverses disciplines.

Nous voyons en la gestion de l’eau un vaste champ dans lequel sont considérés le domaine de l’eau potable, le risque pluvial, le phénomène d’inondation, l’évacuation des eaux pluviales et des eaux usées… pour lesquels les solutions consisteraient à réduire leurs effets pourtant notoires en zones urbanisées. La relation entre le risque pluvial et le phénomène d’inondation tient à une relation de causalité, sinon à une interdépendance entre l’abondance ou la violence des précipitations en amont et la réponse des cours d’eau en aval. A l’interface de ces deux phases, les caractéristiques des bassins-versants (sol couvert ou nu) influencent les formes de réponse des cours d’eau à l’enregistrement des types d’intensités pluviométriques et de crue. Dans le cas de la ville de Bangui que nous étudions, la compaction du sol nu urbain, l’imperméabilisation de l’impluvium, la densification du bâti… sont des facteurs qui déterminent la réponse des rivières urbaines, notamment par des crues soudaines et rapides. Le risque pluvial est un concept qui nous paraît plus adapté pour qualifier les dégâts/catastrophes qu’engendrent les pluies en zones urbanisées. Alors que le phénomène d’inondation se produit davantage qu’en contexte naturel. Le raccourcissement de ce phénomène est probablement lié aux fortes intensités de pluie. Ces contraintes hydrologiques sont le lot du quotidien dans les pays du Sud, notamment en Afrique tropicale. C’est dans cette optique que la ville de Bangui sert de support à l’étude de ces contraintes hydriques et hydrologiques.

Nous entendons par contraintes hydriques les pressions dues par l’absence ou la disponibilité de l’eau potable et par les pluies exceptionnelles aux communautés humaines ; en revanche, nous définissons les contraintes hydrologiques par le risque pluvial, couplé aux processus géomorphologiques, qui cause des inondations dommageables aux installations humaines. De ce fait, les contraintes hydriques et hydrologiques nous paraissent être les conséquences logiques des aléas dont leur production dans le temps et leurs intensités rentrent dans le cycle de l’eau.