1946-1960 : les plans d’urbanisme considèrent l’évolution spatio-démographique

En 1946, la structure urbaine comprend le centre-ville et les quartiers indigènes de l’Ouest, sous-équipés et d’occupation anarchique ; les deux ensembles sont séparés par des espaces non-bâtis, mais reliés par des grandes artères. Par la suite, le plan d’organisation de Bangui proposé par F. JOLY en 1948, qui avait un caractère radio-concentrique (LEMOTOMO, 1977), a permis surtout de :

  • regrouper le plus près possible du noyau urbain la population active travaillant soit dans l’administration et les services, soit dans le commerce et l’industrie ;
  • organiser, dans le cadre régional, l’habitat des populations à vocation agricole autour de leurs activités rénovées et développées.

Ce plan a été observé dans ses grandes lignes jusqu’au remaniement suggéré par J.M. LEGRAND en 1964. Le plan LEGRAND, ou plan IGN, abandonne la voie ferrée prévue par JOLY, de même que le plan radio-concentrique, au profit d’un plan orthogonal. L’essentiel de ce plan d’urbanisme est axé sur la voirie.

Figure 7 Bangui en 1930 (d’après, DUMAS, modifiée)
Figure 7 Bangui en 1930 (d’après, DUMAS, modifiée)
Figure 8 Croquis de la ville de Bangui en 1912 (Archives d’Outre-Mer, par BOULVERT, 1989, modifiée)
Figure 8 Croquis de la ville de Bangui en 1912 (Archives d’Outre-Mer, par BOULVERT, 1989, modifiée)

Entre temps, DRESCH (1948, cité par BOULVERT, 1989), analysant l’organisation spatiale de la ville de Bangui, a remarqué que les quartiers ont été hâtivement installés : quartier commercial, quartier industriel… sans aucune prévision de quartier résidentiel ; la ville européenne faisait tache d’huile, provoquant la nomadisation des quartiers autochtones depuis cinq ans. En précisant l’ordre de création des zones isolées qui constituent l’ensemble de la ville en 1949, il estime que les espaces vides, selon les critères de la Charte d’Athènes, sont d’une étendue suffisante et sont convenablement répartis ; il pourrait donc être retenu de cette charte « la nécessité de construire en hauteur, pour conserver le maximum de surfaces vertes » dans la ville. Cet auteur a ainsi suggéré que les travaux de première urgence à exécuter avant toute mise en place d’un plan d’urbanisme à Bangui soient l’assainissement des terrains marécageux, notamment le remblaiement du sol et la plantation d’arbres appropriés (eucalyptus) ; il suggère également qu’une étude démographique particulièrement poussée soit réalisée pour déterminer précisément la localisation, par communautés ethniques, des terrains affectés aux populations autochtones. Pour LEBOEUF (1951), l’agglomération africaine est loin d’avoir l’aspect d’une ville classique. Elle est en réalité une succession de villages disposés autour de la cité européenne, s’étirant le long de grands axes de communication et s’étendant largement dans les intervalles où subsistent encore de vastes surfaces inhabitées. Les constructions isolées les unes des autres, avec des plantations intercalaires, contribuent à donner à l’ensemble une allure de grand village.

Quelques années après, le plan proposé par DEPRET (1967) prévoit la création d’un axe transversal Est-Ouest ou « axe triomphal », le renforcement du point de rencontre de celui-ci et l’ancienne piste d’aviation, laquelle sera prolongée et transformée en avenue de très grande importance : l’actuelle Avenue des Martyrs, reliant l’aéroport Bangui-Mpoko à l’Université de Bangui. Le transfert de l’aéroport a eu lieu en 1967. L’un des grands objectifs de la création de cet axe, en 1978, c’était de marquer une étape importante dans le développement urbain, en accomplissant de grands travaux de construction autour d’une grande avenue reliant le sud de la ville (depuis le quartier Lakouanga) au nouvel aéroport, pour en faire la vitrine du nouvel « Empire ». D’où la juxtaposition des bâtiments de l’Université, de l’U.D.E.A.C. 2 , du Ministère des Affaires Etrangères, de la Télévision centrafricaine, de l’E.N.S. 3 , de l’ex-siège de la PETROCA 4 , de la SOCATEL 5 , etc. Toutefois, nous constatons aujourd’hui que cette voie à grande circulation donne malgré tout une impression d’inachevé, car les espaces vides y restent encore nombreux.

Notes
2.

Union Douanière et Economique en Afrique Centrale

3.

Ecole Normale Supérieure

4.

La Centrafricaine des Pétroles

5.

Société centrafricaine des Télécommunications