3. EVOLUTION DIACHRONIQUE DES PAYSAGES ET DES GRANDES LIGNES DE LA STRUCTURE URBAINE

Le développement démographique et spatial de la ville de Bangui s’est réalisé au détriment des paysages naturels. Les preuves nous sont fournies et conservées par les plans, cartes (Figures 5, 7, 8, 11 et 12) et photographies aériennes (Figures 13, 14 et 15), et depuis peu par des images satellitales (Figure 16 et 17), qui reflètent typiquement les diverses formes de façonnement du site à différentes époques.

Les multiples formes urbaines de Bangui que nous avons relevées dans l’espace et dans le temps, avec l’aspect isolé du centre-ville par rapport aux quartiers indigènes, traduisent le caractère disparate de la ville à la recherche de terrains exondés, mais aussi la politique de déguerpissement pratiquée par l’administration coloniale. Selon cette politique, à chaque période d’extension de la ville administrative et commerciale, les quartiers autochtones étaient refoulés dans les bas-fonds insalubres. MABOU (op. cit.) estime que l’urbanisme colonial est fondé sur des critères discriminatoires, débouchant sur l’opposition entre deux ensembles de quartiers : ceux de la ville blanche et ceux de la ville noire. Ainsi donc, de la période coloniale à l’indépendance, l’organisation des quartiers urbains reflète l’existence de deux modes de vie, avec un contraste évident.

Figure 10 Habitat n 1990 : quartiers lotis et quartiers spontanés (d’après RGP, 1988, modifiée)
Figure 10 Habitat n 1990 : quartiers lotis et quartiers spontanés (d’après RGP, 1988, modifiée)

Les raisons que nous venons d’évoquer expliquent peut-être une domination lâche de la ville sur les paysages, même à l’heure actuelle avec des problèmes fondamentaux d’aménagement (occupation des zones insalubres inondables, mauvais drainage des eaux de ruissellement, insuffisance de la voirie, accès très limité à l’eau potable…), lesquels ne sont pas du tout maîtrisés. En observant les plans, les cartes et les photographies aériennes réalisées depuis l’évolution de la ville (1946, 1960, 1982, 1988, 1999), nous remarquons une certaine discontinuité spatiale dans la colonisation du site, en partant du noyau central, d’abord sur la Place EDOUARD RENARD 7 , ensuite sur la Place de la République (l’actuelle) et en allant vers la périphérie.

Notes
7.

Ce rond-point abritait la statue de l’Empereur BOKASSA 1er avant sa chute en 1979.