3.1. De 1889 à 1945

Pour cette période, nous ne disposons pas de levés photographiques aériens représentant l’emplacement du poste qui a oscillé dans l’espace et dans le temps, entre la confluence de la Mpoko et l’aval immédiat des rapides. Des croquis de CHOLET en 1889 (Figure 5), de PONEL en 1891 (Figure 11) et de COMTE en 1897 (Figure 12) situent les emplacements successifs du poste par rapport aux villages riverains du fleuve et à ceux qui environnent le site de Bangui.

Figure 11 Situation du Poste de Bangui en 1891 (d’après E. PONEL, modifiée)
Figure 11 Situation du Poste de Bangui en 1891 (d’après E. PONEL, modifiée)

En 1889 et en 1891 (Figures 5 et 11), la morphologie est caractérisée par un noyau unique ; en revanche en 1897 (Figure 12), un bicéphalisme s’observe avec la fondation en 1894 de la mission Saint-Paul en amont du Poste et des Rapides. Cette forme est due à la présence des Monts Ottro ou Collines de Bangui qui rompent la continuité spatiale de la ville et expliquent l’installation de la Mission sur le plateau de Ouango, exondé comme l’a remarqué en 1894 Mgr AUGOUARD : « le terrain destiné à la mission est assez élevé au-dessus des plus hautes eaux ; malheureusement les terrains voisins sont submergés tous les ans » (BOULVERT, op. cit.). Le poste de Bangui en 1889 était comme un « trou de gruyère dans la forêt vierge » (JAEGER, 1989).

Figure 12 Bangui et ses environs en 1897 (d’après P. COMTE, modifiée)
Figure 12 Bangui et ses environs en 1897 (d’après P. COMTE, modifiée)

Le périmètre urbain de 1905 correspond à l’Est à la limite de la Mission, à l’Ouest il s’interrompt à 1 km en aval du confluent Sapéké, au Nord à environ 2 km à l’intérieur des terres et au Sud à l’Oubangui. L’ensemble forme une bande de 2 km de large sur 15 km de longueur (VILLIEN, 1987). Un an plus tard en 1906, Bangui devient la capitale de la colonie Oubangui-Chari-Tchad et, en 1912, la ville s’étend sur 212 hectares (ha). De 1914 à 1939, la ville occupe environ 55 ha et n’est pas à l’abri des inondations ; en 1916, par exemple, une partie de Bangui est inondée ; par la suite les eaux stagnantes sont difficiles à drainer. C’est pendant cette année que l’Etat-major, implanté sur un terrain inondable, a été transféré sur le glacis-replat du Kassaï au nord de la Mission Saint-Paul.

Lorsque Bangui devient une commune en 1912 et perd son statut de poste militaire, son extension ne dépasse pas le niveau de l’actuel Palais de Justice, dessinant la forme d’un parallélogramme dont la base correspond à la bordure de l’Oubangui (Figure 8). En 1930, selon le premier véritable plan d’urbanisme établi par le géomètre DUMAS à 1 : 5000, la ville a la forme d’un triangle-rectangle dont l’hypoténuse correspondrait au site actuel du Ministère des Transports (Figure 7).