4.1. L’ancienneté du peuplement du site de Bangui 

4.1.1. Les données archéologiques

L’existence d’indices préhistoriques (pierres taillées sur éclats, haches et pierres polies) sur le site de Bangui nous a permis d’attester de l’ancienneté de la présence humaine : homo erectus (VILLIEN et al., 1990) devrait être le premier occupant. Ce constat semble valable pour toute la sous-région d’Afrique Centrale, pourtant couverte de forêt dense, où différents outillages anciens remonteraient à une période comprise entre le Paléolithique Supérieur et le Néolithique. Les outillages reconnus correspondraient aux peuples de chasseurs-cueilleurs. Nous voyons dans ces découvertes l’occasion de nuancer les affirmations selon lesquelles le milieu forestier ancien n’aurait pas été habité.

Deux types de sites archéologiques (YONGOMBIMA, 1996) sont ainsi distingués à Bangui (Figure 18) : la zone de plaine et la zone de collines, en fonction des principales unités topographiques de la ville. Dans le secteur de collines et ses marges (Pk 12 (3), site ORSTOM (4)(5), Cimetière Ndress (6), quartier Boy-Rabé (7)(8)(9), les outils identifiés sont en pierre, en relation avec la proximité des reliefs quartzitiques, alors que dans le secteur de plaine (vallée moyenne de la Ngola, quartier Damala), le matériel est de la poterie (céramique), dans un terrain essentiellement argileux. Au type de matière correspond un type d’outillage, et il est difficile de dire si la céramique est antérieure ou non à l’industrie du quartz ou du quartzite.

Figures 18 Les sites préhistoriques sur l’aire de la ville de Bangui (d’après YONGOMBIMA, 1996, modifiée)
Figures 18 Les sites préhistoriques sur l’aire de la ville de Bangui (d’après YONGOMBIMA, 1996, modifiée)

Par ailleurs, selon de BAYLE des HERMENS (1975), une série d’outils a été retrouvée dans les alluvions avec traces de latérite de la terrasse située à 60-70 m au-dessus du niveau de l’Oubangui. Ces outils sont constitués d’un mauvais racloir, de deux pièces à coches, de trois éclats retouchés, d’un petit nucléus discoïde et d’éclats.

Sur le site de Bangui, les outils tels que la hache nucleus, les pics, les racloirs, la coche correspondent au Paléolithique, lequel se subdivise en Sangoen (70000 - 40000 av. JC), en Lupembien (40000 - 12000 av. JC) et en Tshitolien (12000 - 6000 av. JC). Selon une communication orale, un pic a été trouvé sur le site de Ndress lors du creusement d’une tombe dont la profondeur maximale est de 2 mètres. Or l’industrie à pics est très développée au Sangoen, et celle de quartz au Tshitolien. Le Lupembien correspond donc à un hiatus à Bangui.

En revanche, le Néolithique, période comprise entre 3000 et 2000 BP à Bangui, est caractérisé par un outillage poli et un usage généralisé de la céramique et de la meule. Cette période suppose un établissement humain dont, plus tard, le développement de la forêt, en relation avec les conditions bioclimatiques favorables, a masqué les traces. L’occupation humaine du site de Bangui n’est donc pas seulement récente, elle est aussi plurimillénaire.