4.1.2. L’origine du peuplement

Le rôle des cours d’eau ou des points d’eau dans l’occupation humaine de l’espace terrestre n’est plus à démontrer. GUYOT (1974) a remarqué que les lointains ancêtres des hommes établissaient leurs tribus aux abords des points d’eau qui leur apportaient à la fois la possibilité de la pêche et une boisson assurée. Cette constatation se vérifie sur le site de Bangui où des vestiges préhistoriques ont été reconnus le long de l’Oubangui et dans la vallée de la Ngola, petit cours d’eau qui s’écoule d’est en ouest au nord de Bangui et se jette dans la Mpoko, un affluent de la rive droite de l’Oubangui (voir Figures 1, 2 et 80). Les grandes phases d’occupation humaine du site de Bangui paraissent tributaires du contexte sous-régional. Pour VILLIEN et al. (op. cit.), les données archéologiques indiquent que les Négro-Africains auraient pénétré dans la forêt par le bassin de la Sangha au SO de Bangui au 2e millénaire de notre ère. Les données archéologiques et linguistiques s’accordent à préciser que ces gens parlaient une langue Bantu à la même période. Selon la classification des langues centrafricaines (VIDAL, 1982), la majorité des langues parlées dérivent de l’Adamaoua-Oubanguien, sous-famille Niger-Congo, qui sont aussi des langues Bantu. D’après ces sources variées, le site de Bangui aurait connu un peuplement pygmée originel, depuis l’apparition d’Homo sapiens, probablement jusqu’au dernier millénaire avant Jésus-Christ. Par la suite, eut lieu une immigration de producteurs alimentaires, céramistes d’abord, puis métallurgistes (on a trouvé à Bangui trois sites de l’Age du fer) qui auraient parlé à la fois les langues des ancêtres Bantu et les langues des ancêtres Adamaoua-Oubanguiens. Enfin, une implantation définitive de populations à parlers Adamaoua-Oubanguiens dans la région de Bangui remonterait vraisemblablement au début du dernier millénaire.

A l’arrivée des premiers Européens, vers la fin du XIXe siècle, le site de Bangui et ses environs étaient le point de rencontre de trois principaux groupes ethniques : Ngbaka Ma’bo (Bondjo et Bouzerou) dans les environs du confluent Mpoko-Oubangui, les Ndris (Banda venant de Ndélé) en amont de la Landjia à l’Est du site et les Banziri (SOUMILLE, 1989 ; VILLIEN, op.cit.). A côté de ces groupes, on rencontre les Ali, un peu plus à distance du fleuve et au NNO du site, au-dessus des vallées de la Mpoko et de la Pama. Mais des rivalités opposaient ces différentes ethnies, probablement motivées par le désir de dominer et d’étendre leur influence respective aux marges environnantes.

Nous retenons cependant que le site a évolué grâce aux colonisateurs qui l’ont retenu d’abord en raison des rapides, qui en faisaient une étape obligée de la navigation, pour la création d’un poste militaire, puis pour devenir le chef-lieu de la colonie. La tentative de regroupement de la population «africaine» et des villages plus proches autour du poste a été un tournant dans le développement de la ville.