4.2. Les débuts de la croissance (1889-1944)

A la fondation de Bangui en 1889, le poste n’avait pas une population notable, toutefois l’ethnie Ngbaka dominait dans le site. Progressivement des villages constitués d’ethnies différentes (Banda, Haoussa, Yakoma, etc.) (Figure 7) se sont créés après l’arrivée des Blancs, car ces populations se trouvaient dans les environs du site du fait de l’exode rural. Au-delà des rivalités, ces villages étaient très hostiles à l’installation des Blancs, de sorte que l’administration initiale ne pouvait pas maîtriser la population. A cela, s’ajoute une grande mortalité aussi bien chez les « Blancs » que chez les « Noirs », qui s’explique par le manque de médicaments pour lutter contre les maladies tropicales (paludisme, maladie du sommeil, dysenterie, fièvre jaune, peste bubonique…) qui sévissaient à l’état endémique (GODART et ZOUBE, 1987 ; SOUMILLE, op. cit.). La mort est devenue familière, et est même vécue avec indifférence. Ainsi, le chef de poste de Bangui, aussi officier d’état-civil, s’étonne-t-il en mars 1892 d’enregistrer deux actes de naissance alors que seuls des actes de décès avaient été relevés dans la population du poste depuis sa fondation. Toutefois, lorsque la Mission Saint-Paul a été fondée en 1894 par Mgr AUGOUARD, le premier village à s’en rapprocher est celui des Ndris, le 28 juin de la même année. En effet, c’est par le truchement de la Mission que les premières tentatives de regroupement de la population ont eu lieu. Ce n’est que plus tard, en 1905, qu’on constate des mouvements importants de la population qui ne se dirige plus vers la Mission Saint-Paul-des-Rapides, mais qui occupe peu à peu les abords du site. En 1936, l’Administration décide de créer de nouveaux villages sur des critères ethniques, séparés du centre-ville par une zone non-aedificandi, dans le but de contrôler l’affluence de la population due à l’exode rural, également en raison des bas-fonds insalubres.

Ainsi, l’évolution démographique (Figure 19) atteste d’une difficile croissance de 1889 à 1910, avant qu’elle devienne régulière. De 1889 à 1939, Bangui est passé du stade de campement militaire à celui de ville à part entière, soit d’environ 12 auxiliaires militaires à plus de 20000 habitants : avec 55 ha en 1939, La densité humaine était de 364 habitants.ha-1.