En 1960, SORET (1961) conteste le chiffre officiel de la population de la ville de Bangui qui est officiellement de 80 000 habitants, et l’estime à 90 000 habitants. Nous remarquons, en effet, depuis 1960 un problème à propos des chiffres de l’évolution démographique de Bangui (Tableau I) ; nous avons extrait les données brutes de VILLIEN (1987), puis nous les avons traitées et analysées en vue de comparer la proportion surestimée des deux types de chiffres. Certains chiffres sont dits officiels, d’autres sont ceux du Ministère du Plan. En comparant l’écart entre ces deux chiffres, nous remarquons une surestimation des chiffres officiels par rapport aux chiffres du Plan : elle est de 5 à 7 % selon les années et décroît entre 1975 et 1986. Nous notons la plus faible surestimation en 1984, avec seulement 5,14 %.
Année | Chiffres du Ministère du plan | Chiffres officiels | Ecarts entre les chiffres | % de surestimation |
1975 | 279 800 | 300 723 | 20 923 | 6,96 |
1976 | 293 000 | 312 751 | 19 751 | 6,32 |
1977 | 306 000 | 325 261 | 19 261 | 5,92 |
1978 | 320 000 | 338 271 | 18 271 | 5,40 |
1979 | 333 000 | 351 801 | 18 801 | 5,34 |
1980 | 347 000 | 365 873 | 18 873 | 5,16 |
1981 | 360 000 | 380 508 | 20 508 | 5,39 |
1982 | 375 000 | 395 728 | 20 728 | 5,24 |
1983 | 390 000 | 411 557 | 21 557 | 5,24 |
1984 | 406 000 | 428 019 | 22 019 | 5,14 |
1985 | 422 000 | 445 140 | 23 140 | 5,19 |
1986 | 439 000 | 462 945 | 23 945 | 5,17 |
Quoi qu’il en soit, au cours des six années qui suivent l’indépendance du Centrafrique obtenue en 1960, la ville a connu un accroissement spectaculaire de sa population (Figure 19). L’accroissement annuel moyen pendant cette période a été de 8,77 % alors qu’il s’élève à 12,59 % durant la période 1967-1970. Ce taux peut s’expliquer par la recherche du travail, l’envie de rejoindre un parent devenu fonctionnaire, la concentration des services et infrastructures (écoles, lycées…), une politique agricole cotonnière rigide et par l’exode rural, selon VILLIEN (op. cit.).
L’entassement des ruraux dans la ville entraîne une mise en valeur plus poussée des environs de Bangui et s’accompagne d’une conquête de terres agricoles au profit de l’habitat. Ce procédé favorise l’extension de la ville. Ainsi de 1960 à 1964, l’expansion spatiale est de 70 ha et la population augmente de 46 000 habitants ; cela nous donne une densité de 657 habitants.ha-1, plus élevée qu’en 1939. Le transfert de l’aéroport en 1967 8 a aussi fait gagner dans cette période 51 ha. En revanche pour la décennie 1960-1970, la population s’est accrue de 163 454 personnes, tandis que la décennie 1970-1980 n’a enregistré qu’un gain de 122 419 personnes.
En 1973, l’espace urbain devient beaucoup plus cohérent, hormis les vides laissés par l’ancien aéroport et les bas-fonds marécageux : Ngongonon, Kalakpata, Ngoukoulou, Kpéténé, Bruxelles, Guitangola, Pétévo…(Figure 6). De 1973 à 1986, la superficie de la ville de Bangui s’est agrandie d’environ 27 km2, et la population a cru de 185 130 personnes, ce qui donne une densité de 6857 habitants au km2, si nous admettons que cet espace est destiné à ce surplus de la population. En 1988, Bangui totalisait 6497 ha, donnant une densité de 66 habitants.ha-1 et une autre de 75 habitants.ha-1 en 1995 (GROUPE HUIT, 1991). Avec la perspective du « Grand Bangui », la superficie future de la ville oscillerait autour de 140 000 ha, soit environ 140 km2 ; elle devrait faire baisser le nombre d’habitant par km2 (Tableau II). Nous observons ainsi que les densités humaines ont augmenté de 1889 aux années 1970, puis se sont stabilisées jusqu’à nos jours, avec des valeurs oscillant entre 7000 et 8000 habitants.km-2 ; l’augmentation de la superficie ne paraît pas plus rapide par rapport à celle de la population. Cette tendance se justifie par le fait que dans les deux dernières décennies, nous observons une plus forte concentration des habitations par parcelle construite et donc du nombre d’habitants, d’où des densités humaines plus fortes dans les quartiers populaires (Figure 10). Parallèlement à cette dynamique, la longueur du linéaire de voirie est passée de 137,5 km en 1960 à 193,0 km en 1976 (LEMOTOMO, 1977 ; VILLIEN, op. cit.).
Année | Superficie (km2) | Population | Densités (habitants.km-2) |
1912 1945 1946 1951 1960 1970 1976 1985 1987 1990 1992 1994 2000 2003 |
2,12 6,42 - - 22,56 29,13 37 55 61,78 63 67 72 80 140 |
2600 26000 39800 68285 80000 243454 312751 445140 - 486670 524360 564969 706659 790319 |
1226,4 4050 - - 3546,11 8358 8453 8094 - 7725 7826 7847 8833 5048 (le Grand Bangui) |
Le recensement général de la population (RGP) réalisé en 1988 a donné une population de 451 690 habitants pour la ville de Bangui, avec un taux d’accroissement naturel (TAN) de 3,8 %. Nous avons fait une comparaison de cette donnée avec les chiffres officiels et ceux du Plan en 1986 ; les résultats montrent pour les premiers un effectif supplémentaire de 11 255 personnes par rapport à 1988, soit un gain de 2,43 %, et pour les seconds, 12 690 habitants de plus pour la même période, soit un gain 2,80 % (Tableau I). Cet exemple traduit le caractère problématique de la fiabilité des données concernant la croissance de la population de la ville de Bangui. De même, selon certaines estimations, il est donné à l’agglomération de Bangui une population de 439 365 habitants en 1988 et 479 500 habitants en 1990 pour un taux d’accroissement de 4,5 % ; ensuite en 1995 la population serait de 591 700 habitants pour un accroissement de 4,3 % et de 724 700 habitants en 2000 pour un TAN de 4,1 %. Les chiffres officiels ou du Plan sont loin de cadrer avec ces estimations. Toutefois, les données qui nous ont permis de construire la figure 19, sur la période 1988-2000, ont été estimées sur la base d’un TAN de 3,8 %.
L’analyse couplée de la croissance démographique et de l’extension spatiale nous amène à poser la question de l’urbanisation et de l’occupation du sol. Nous étudierons donc les formes d’urbanisation afin d’y mettre en relief comment les problèmes d’eau sont pris en compte.
L’emplacement de cet aéroport sur le tronçon de l’actuelle avenue des Martyrs, compris entre l’avenue KOUDOUKOU et le Monument des Martyrs, est situé au centre-ouest et au nord de la ville.