5. LES FORMES D’OCCUPATION DU SOL ET L’URBANISATION

5.1. Caractéristiques générales

Bangui est une ville qui est née de la colonisation, avec le dualisme qui a déterminé les modes de vie entre la population autochtone et la population européenne. Ce schéma, lié certes à l’histoire, caractérise encore beaucoup de villes post-coloniales. Ainsi l’évolution de la ville de Bangui a été discontinue dans l’espace et dans le temps, avec d’un côté les quartiers des Européens et des Evolués devenus fonctionnaires, administratifs, commerçants, et de l’autre ceux des Indigènes. Cette situation explique aujourd’hui la coexistence à Bangui de deux groupes de quartiers : les uns lotis et équipés, les autres dits populaires, densément peuplés et sans infrastructure.

A la création de Bangui, l’occupation de l’espace à partir du noyau urbain donne l’impression d’être plus ordonnée avec des rues et des constructions modernes (Figures 7 et 8). Les anciens villageois ou ruraux qui s’immiscent peu à peu dans la ville n’en occupent que la zone périphérique, y transposant le mode de vie au village et ne vivant que d’agriculture ou de petits emplois. De ce fait, en étudiant l’habitat et les habitations dans les quartiers populaires de Bangui, VILLIEN (1985) remarque une constante croissance spatiale de la ville au détriment des terres de culture, qui met en relief une compétition entre l’agriculture périurbaine et l’habitat sur toutes les lisières de la ville. En cela, la progression du front de l’habitat induit l’apparition d’une ceinture cultivée artificielle, destinée à disparaître rapidement au profit des constructions. Dans ce système, la densification progressive de l’habitat, de la périphérie vers le centre, comble les vides.

De toute façon, la concurrence pour l’occupation du sol oppose ville moderne, quartiers populaires, agriculture et carrières d’extraction de pierre sur les collines quartzitiques ou sur les témoins de plateaux latéritiques (Figures 21). Dans le cas de la ville de Bangui, les concepts d’occupation du sol et d’urbanisation sont à nuancer. L’occupation du sol prend en compte, à la fois, la ville moderne et les quartiers populaires, alors que la notion d’urbanisation ne peut être élargie à ces quartiers populaires du fait de leur caractère spontané et désordonné, et du manque d’infrastructures (voirie, canalisations, adduction en eau potable…), lesquelles ne répondent pas aux normes de la « Charte d’Athènes ». Déjà même, certains quartiers lotis de Bangui ne sont pas vraiment urbanisés. L’intérêt de tout ce développement est donc de cerner l’organisation de l’espace et de définir les types de quartiers.

Figures 21 Les types de quartiers selon les formes d’urbanisation à Bangui (Photos aériennes)
Figures 21 Les types de quartiers selon les formes d’urbanisation à Bangui (Photos aériennes)