6. HYPOTHESES SUR LA DEGRADATION DU SITE

S’il fallait comparer le poste de Bangui en 1889 à la ville de Bangui en 2000, la ville a nettement évolué. La présence de l’homme comme facteur d’évolution morphologique explique la disparition de la forêt au profit de l’habitat. Nous constatons que ce fait n’est pas sans conséquence sur la géomorphologie et l’hydrologie du site, car les aménagements ou les formes d’occupation du sol y modifient les conditions d’écoulement, par exemple par des carrières d’extraction ou par l’imperméabilisation du sol qui l’exposent à l’érosion et à la faible infiltration des eaux de pluie. Le réseau routier, les caniveaux et les fossés de drainage altèrent la structure des bassins-versants élémentaires (Ngoubagara, Ngola, Ngongonon, Nguitto partiellement, Kokoro et Guitangola). Ces hydrosystèmes n’ont pas les mêmes contours toute l’année (selon les saisons), leur délimitation étant fonction des temps secs et pluvieux (Figure 22). En saison sèche, nous estimons que les limites des bassins-versants urbains ne se résument qu’aux linéaires d’écoulement naturels et aux réseaux d’égouts ou de canalisations, alors qu’en temps pluvieux les réseaux hydrauliques anthropiques entrent en communication avec les chenaux naturels, augmentant du coup leur étendue selon la pente générale du site.

Ainsi donc, la définition et l’interprétation du substrat du site de Bangui, qui sert de support aux interactions de l’eau, soit en surface, soit en profondeur, nous est utile pour la compréhension des mécanismes de circulation de l’eau dans l’environnement géologique et géomorphologique de la ville.

Cette interrelation Homme-Espace du point de vue de la croissance urbaine permet d’apprécier la façon dont les réseaux naturels se sont progressivement substitués aux réseaux anthropiques sur le plan hydrologique. Car l’occupation du sol, dans sa diversité, modifie les limites des bassins-versants et surtout les artificialise par le développement de la voirie, des canalisations qui orientent l’écoulement, notamment les ruissellements. Ce chapitre pose en fait l’hypothèse de la dégradation que nous allons maintenant étudier.