Les collines rocheuses qui s’étendent entre Bangui et Damara (4°59’30’’N-18°40’30’’E) sont surmontées de petits plateaux indurés, témoins d’un panneau disloqué de la Surface centrafricaine 16 . L’un de ces plateaux au niveau 650-700 m domine l’Oubangui juste en amont de Bangui (Kaga Daouba-Kassaï). Le cadre de Bangui se rattache à une Surface d’érosion, dite Surface de Bangui 17 ou Surface de 400 mètres, figée par un important cuirassement (BOULVERT, 1976) : c’est la Surface oubanguienne de Y. BOULVERT (1996). Les matériaux décapés sur les secteurs en relief ont servi à remblayer le fossé tectonique allongé dans la direction NNO-SSE (Figure 32), mais surtout à recouvrir les dépôts calcaires sous-jacents et autres dépôts anciens, tels que les Quartzites de Bangui et les schistes. L’érosion très active dans cette zone s’explique par le matériau tendre à base de schistes des Séries de la Yangana et de la Baba. Les intercalations de quartzites dégagées forment une ligne de collines orientées NNE. Les géologues expliquent la morphologie de la ville de Bangui (Fig. 23, 24 et 32), constituée de collines dominant vers l’Ouest l’unité 400-350 m (voir Fig. 2), par une tectonique cassante (WACRENIER et WOLFF, 1964 ; POIDEVIN, 1976, 1985 ; CORNACCHIA et GIORGI, 1986). Les plus belles failles s’observent dans la zone des reliefs intermédiaires séparant la Surface centrafricaine et la Surface de Bangui. Ces failles sont à grand rayon de courbure, formant un réseau complexe. Nous avons fait des transects depuis le Couloir de Ndress (cf. cimetière) jusqu’au point kilométrique 36, route de Damara, en passant par la piste du village Koukourou (pk 11) et par la route du village Yangana (pk 22). Les informations que nous avons collectées ont rendu possible l’interprétation des principaux traits des collines, particulièrement sur le prolongement de Daouba-Kassaï.
Nous constatons que les collines ont des versants raides à l’ouest, qui correspondent au rejet des failles ; à l’est, les versants sont relativement doux, et comportent parfois des cuvettes ou dépressions à l’intersection du sommet des collines et des pseudo-dômes ; elles sont incrustés dans un vaste ensemble de croupes convexes, voire polyconvexes. Les dépressions situées en contrebas des versants concaves des collines sont en général humides et favorisent l’épanouissement d’une végétation dense (Planche II).
Des ondulations avec une alternance d’anticlinaux et de synclinaux caractérisent ces collines, indiquant le plissement qui a affecté la Série de Bangui : ce paysage s’observe très bien dans les collines au centre même de la ville de Bangui. Nous pensons que ces ondulations découlent à la fois d’une tectonique de cisaillement avec direction des micro-plaqueset de la phase distensive majeure qui a affecté la limite septentrionale du Craton d’Afrique centrale, créant des fossés tectoniques. Les quartzites en relief apparaissent comme des « noyaux durs » ayant résisté aux rejeux des structures tectoniques, et la dépression est calquée sur la zone de fracture matérialisée par les fossés. Pour POIDEVIN (1976), une double fracture en biseau à pendage oblique sépare le plateau de Daouba-Kassaï de la ville de Bangui.
Entre deux alignements subméridiens de collines quartzitiques, existe toujours une dépression où le talweg sert d’exutoire. A l’intérieur de cette dépression, se trouvent soit des dômes, soit des buttes isolées. Les dômes ont une altitude homogène qui permet aux hommes d’habiter les sommets et d’y extraire les quartzites sous-jacents pour la pierre de construction. Ils peuvent être étendus, de même que la dépression intra-ou intercollinaire, telle que celle qui va du village du pk 22 (4°32’N-18°32’E) au bord de la route nationale n° 2 (RN 2), vers le village Yangana situé à environ 8 km de la grand-route ; ils peuvent aussi être moins étendus, comme dans la dépression allant vers le village de Koukourou où le point le plus bas est occupé par la vallée de la Ngola. Dans ce secteur, les versants est comportent des pinacles ou reliefs d’érosion différentielle ; les pseudosols disloqués, dont la couche d’humus est subsuperficielle, n’y assurent pas un développement harmonieux de la végétation, qui est une savane arbustive (Planche II, Photo D).
Ainsi, nous proposons quelques hypothèses pour interpréter la structure et la morphologie des collines quartzitiques à l’Est du site de la ville de Bangui :
Non seulement les Collines de Bangui marquent et dominent les paysages environnants du site, elles influencent aussi le réseau hydrographique, notamment par la densité de drainage (voir V §1.3, p. 197).
La Surface centrafricaine est constituée du bouclier précambrien séparant les trois grands bassins africains : congolais, nilotique et tchadien (BOULVERT, 1996).
La Surface de Bangui est la zone plane du site de Bangui qui comprend les petits cours d’eau affluents et la Mpoko, la drainant, relayant et communiquant avec la plaine (inondable) de l’Oubangui. Elle fait partie du piémont oubanguien, constitué de glacis cuirassés et de secteurs déprimés crypto-karstiques, qui est défini par BOULVERT (1996) comme une succession d’entailles d’érosion ayant laissé subsister des reliefs résiduels importants.