L’unité géomorphologique de transition entre les collines en amont et la plaine en aval est constituée par le piémont ou le glacis de piémont, auquel nous adjoignons les plateaux (ou leurs témoins) à cause de leurs caractères morphostructuraux et altitudinaux proches. Elle est formée d’abord par le piémont des collines qui amorce une dépression, et ensuite par les plateaux ou buttes latéritisés. Selon TRICART (1973), le piémont désigne un plan incliné au pied d’un relief, impliquant un contraste entre les deux : d’un côté une montagne assez vigoureusement disséquée, et de l’autre, une plaine où prédominent des accumulations. A Bangui, le piémont constitue le relief intermédiaire à l’ouest des collines de Gbazabangui, compris entre celles-ci et la plaine marécageuse. Il part du rocher de l’Artillerie 18 aux confins de la Mpoko (route de Boali), et se prolonge vers la route Bangui-Damara, selon une direction NNE. Il s’agit d’une forme d’érosion en roche homogène (couple ablation-remblaiement). La genèse de cette unité de relief, selon TRICART (1973), s’échelonne sur quelques dizaines de millions d’années.
La Surface d’érosion de Bangui s’étend du pied des collines jusqu’au-delà de la Mpoko ; son secteur amont est exondé, occupant environ un tiers de son étendue. Les terrains dominants y sont latéritisés et cuirassés en surface et se recoupent en profondeur. Elle correspond aux interfluves indurés et glacis de piedmont, jalonnés par des témoins de plateaux isolés à Fatima, à Ouango, au NNO de la ville de Bimbo, à Pélémongo, à Sakaï, au Nord de l’Aéroport de Bangui-Mpoko, à Boeing, à Gobongo ou au Golf en allant vers le point kilométrique 12. Cependant, sont qualifiées de plateaux les unités topographiques, morphologiquement et altitudinalement proches les unes des autres (voir Figure 32), qui se trouvent disséminées dans la plaine : des exemples se trouvent à Fatima, à Pélémongo, à Bimbo, à Boeing ou à Sakaï.
Nous considérons les unités intermédiaires entre le sommet et la surface plane au pied de ces reliefs comme des bas-glacis latéritisés ou rocheux, si nous admettons qu’il en existe de hauts. Les glacis sont un type d’aplanissement, au profil longitudinal concave mais tendu, fréquemment dominés par des reliefs aux flancs raides. Il existe des glacis rocheux, des glacis d’ablation et des glacis de dénudation. Ces formes se façonnent souvent dans des roches cohérentes et sont l’œuvre des processus de météorisation, qui combinent données lithologiques et conditions climato-hydrologiques (TRICART et al., 1972). Cela suppose que les écoulements soient sporadiques, avec un ruissellement diffus, discontinu mais efficace, dans l’espace et le temps. Sous ce régime, ne peut se développer une dissection qui perturberait la pédimentation. Il faudrait une irrégularité climatique. Ainsi sous climat tropical, les glacis ne se façonnent que dans les régions où il existe une saison sèche accentuée. Lorsque le climat devient humide, les processus s’arrêtent. En effet, la couverture végétale bloque le ruissellement diffus et stabilise les sols ou versants, l’érosion pluviale devient inefficace. Les glacis qui s’observent dans les régions humides sont un héritage des périodes de climat plus sec. Les glacis latéritisés ou rocheux de la région de Bangui sont interprétables dans la même logique.
La question de la latéritisation 19 à Bangui est d’actualité et jusque-l’on n’a pu faire la part entre les processus anciens et les processus en cours. Dans certaines régions tropicales humides, la présence de ces matériaux relève de l’action des paléoclimats, notamment très secs. Dans les lits des petits cours d’eau de la ville, nous retrouvons localement des cuirasses entre 1 et 2 m de profondeur ; avant leur curage effectué dans le but de favoriser le drainage pluvial, ces lits cuirassés sont masqués par des alluvions limono-sableuses qui favorisent la colonisation végétale des chenaux « naturels » et artificiels. D’après Y. BOULVERT (1996 b), l’induration ferrugineuse, encore actuelle et active en Centrafrique entre 4 et 8° Nord, semble passive au nord du 8e parallèle : les résidus de cuirasses sommitales s’y démantèlent, le stock ferrugineux se reformant au bas de versant.
Du point de vue pédogénétique, la latérite est à distinguer des cuirasses qui sont des carapaces ou lakéré, équivalent centrafricain du bowal guinéen selon BOULVERT (1996). Cependant, morphologiquement, ce sol apparaît en surface comme une décomposition des cuirasses qui supportent en général la latérite, et inversement les cuirasses peuvent être le résultat de la recristallisation de la latérite à cause de la précipitation de sels en solution dans les eaux de percolation (NGUIMALET, 2000).
L’intérêt hydrologique des cuirasses latéritiques et de la latérite se révèle dans la porosité et la fissuration de ces terrains. Ces sols sont filtrants, par conséquent perméables, et GUYOT (1974) situe leur porosité entre 30 et 50 %. D’ailleurs, il existe des sources à Bangui, notamment en aval morphologique des cuirasses, qui alimentent les marais dans la partie de Surface inférieure à 360 m.
Le Rocher de l’Artillerie est le nom donné au promontoire rocheux au pied des Rapides de l’Oubangui, au-dessus duquel l’hôtel SOFITEL est construit.
La latérite, sol rougeâtre du milieu tropical humide, a une granulométrie hétérogène. Elle est composée de concrétions, graviers ou gravillons et de fines, et caractérisée par la présence d’alumine libre et d’oxyde de fer. Lorsque ce sol est soumis à l’érosion hydrique, les fines particules s’en vont et les nodules, gravillons ou graviers (2 cm à 2 mm) sont transportés et se concentrent par relais progressifs dans les talwegs ou linéaires d’écoulement, en fonction de la compétence des eaux de ruissellement.