2.5. Essai d’explication des paysages de la Plaine de Bangui

En observant la figure 2 ou la figure 32, nous émettons donc deux hypothèses pour expliquer la morphologie actuelle de la Plaine de Bangui : 1) la tectonique récente et 2) l’érosion aréolaire ou géologique.

A l’origine, le niveau du glacis était probablement homogène (Figure 33), mais à la suite d’accidents tectoniques avec un réseau complexe de failles ou de rejeux, les paysages ont enregistré une nouvelle dynamique. En effet, ces accidents se sont traduits soit par un mouvement négatif au cœur de la Dépression, soit par un mouvement positif au niveau de ces témoins de glacis ou plateaux cuirassés isolés ; et donc les matériaux mobilisés et remaniés, consécutifs à ces épisodes dynamiques, ont pu être exposés à l’érosion.

  1. La tectonique aurait affaissé et haché les matériaux, qui se seraient fragilisés par la suite. De par leur localisation topographique (cotes absolues inférieures à 360 ou 340), la vidange des matériaux a donné lieu au développement des bas-fonds marécageux qui naissent au pied de ces plateaux cuirassés, filtrants, et dans des terrains argileux compacts et imperméables. L’infiltration des eaux de pluie ou de ruissellement dans les reliefs cuirassés ou latéritisés du fait de leur texture, bute sur l’imperméabilité des argiles ; à leur contact, l’eau apparaît en surface ; de ce fait, l’eau stagnante fait que le milieu fonctionne comme des étangs, des marécages et des marais. Le mécanisme se serait produit au Quaternaire, et pendant l’Holocène dont certains épisodes ont connu des précipitations importantes.
  2. Quant à l’érosion, elle aurait amplifié les critères altitudinaux, accroissant la dénivellation entre les dépressions devenues marécageuses et les plateaux qui sont situés en général en amont morphologique de ces dépressions. Le type d’érosion en jeu, l’érosion en nappe, n’aurait pas efficacement disséqué la surface de la plaine : d’abord à cause de la faiblesse de l’altitude relative, ensuite, les sédiments fins ou grossiers charriés en amont sur versant, auraient contribué à en masquer les traces, du fait de la polarisation des eaux de ruissellement en fonction de la topographie. Ce phénomène devrait engendrer l’hydrocompaction et exposer davantage la roche de contact argileuse qui sous-tend en général les reliefs cuirassés dont les cotes absolues varient localement entre 400 et 370.
Figures 33 Schémas explicatifs de la morphologie actuelle de la Plaine du site de Bangui
Figures 33 Schémas explicatifs de la morphologie actuelle de la Plaine du site de Bangui

De fait, cette zone de plaine débute avec le piémont (400 m) et se prolonge par la Surface inférieure à la cote 360 ; la dominance des marécages suggère en outre l’idée d’une karstogenèse profonde toujours en cours dans le bassin de la Lessé (BOULVERT, 1996 b ; ALVAREZ, 2000). Il pourrait y avoir une communication entre le karst sous-jacent et la surface topographique.