3.1.2. Perméabilité et exploitabilité des aquifères

Les formations non-carbonatées précambriennes du Centrafrique peuvent être considérées comme suffisamment productives pour l’approvisionnement en eau des villages et des villes (PLESINGER, 1990). Dans des cas favorables (d’après des pompages d’essai à Batangafo et aux Mbrés), les forages avec des débits exploitables de plus de 20 m3.h-1 peuvent servir pour l’adduction d’eau. La quantité minimale de 0,5 m3.h-1, suffisante pour l’installation d’une pompe manuelle, peut être trouvée dans la quasi-totalité des villages à condition que l’implantation des forages soit faite par des spécialistes. Parallèlement, la profondeur des forages a varié entre 30 et 60 m (aquifère profond).

Les eaux souterraines des formations carbonatées peuvent être exploitées pour alimenter en eau potable des agglomérations urbaines, ce qui revêt un intérêt pour Bangui située dans une région très prometteuse. Les forages n° 2 et 3 à réalisés à l’UCATEX (Figure 29 a), où les calcaires sont surmontés par une épaisseur importante de sédiments fluvio-lacustres (respectivement 119 et 153 m), ont eu des débits maximaux proches de 40 m3.h-1 lors du pompage. Toutefois, si un rabattement de plus de 4 ou 5 m était permis, les débits augmenteraient au moins jusqu’à 60 m3.h-1 (PLESINGER, 1990). Quant au forage du pk 4 sur l’avenue B. Boganda, il est entré dans une couche de cherts (niveaux silicifiés dans les calcaires) à 50 m de profondeur. Le niveau piézométrique s’est établi à –7,96 m (remontée de plus de 40 m) ; le pompage d’essai a donné un rabattement de 0,70 m seulement, pour un débit de 6,5 m3.h-1. Le débit spécifique était quasiment le même qu’à l’UCATEX, à près de 10 m3.h-1.m-1. La remontée du niveau hydrostatique après le pompage a été si rapide qu’on n’a pu l’enregistrer. Considérant l’évolution de la population banguissoise, il faudrait, pour l’adduction, un débit de 885 m3.h-1, si on admet une consommation de 50 l.habitant-1.jour-1. Si un seul forage est en mesure de donner 6 à 7 % de cette quantité, l’approvisionnement en eau souterraine peut être envisagé dans le futur. Une telle réalisation devrait faire baisser le coût élevé du traitement des eaux captées dans l’Oubangui, car l’eau des calcaires semble moins coûteuse ; toutefois cet aquifère est soumis à la pollution.

Selon la JICA, la couche aquifère latéritique, qui est la nappe superficielle, a une faible perméabilité (0,1 m.jour-1) en raison de la présence d’argile, même dans les couches sablonneuses et graveleuses. Sa capacité spécifique varie de 4,8 à 93,6 m2.jour-1, et son coefficient de perméabilité est compris entre 0,1 et 0,8 m.jour-1, selon les données des forages ou puits existants. La perméabilité verticale devrait être beaucoup plus faible à cause de l’importance des couches d’argile, alors que la perméabilité horizontale pourrait être favorisée par de nombreuses alternances de bancs d’argile latéritique et de bancs de sables argileux.

En revanche, la perméabilité de la couche aquifère du socle, constituant la nappe profonde, est attestée par une distribution de la transmissivité basée sur les données disponibles des forages de reconnaissance et des tests de pompage (Figure 35). Cette transmissivité varie d’un endroit à l’autre, et un trop grand cloisonnement existe entre la valeur maximale (100 à 1000 m2.jour-1) et la valeur minimale (0,1 à 1 m2.jour-1). Il apparaît paradoxalement ici que la transmissivité n’est pas nécessairement plus élevée dans la roche calcaire.

En effet, une hétérogénéité de la transmissivité pourrait être due à la présence d’une zone très perméable le long des failles, reconnue par les études hydrogéologiques ; ainsi, les zones à transmissivité élevée s’étendent sur ces lignes de failles (Figure 35), l’une allant de l’Aéroport Bangui-Mpoko vers le SO de la ville de Bimbo via le quartier Fatima, l’autre de l’usine UCATEX vers le quartier Bakongo via le quartier Mustapha.

Figure 34 Carte hydrogéologique de la ville de Bangui (JICA, 1999 b)
Figure 34 Carte hydrogéologique de la ville de Bangui (JICA, 1999 b)
Figure 35 Distribution de la transmissivité de la couche aquifère du socle (JICA, 1999, modifiée)
Figure 35 Distribution de la transmissivité de la couche aquifère du socle (JICA, 1999, modifiée)

Les informations que nous avons présentées renseignent sur les potentialités hydrogéologiques de la région de Bangui, lesquelles sont fonction de la porosité et de la perméabilité, paramètres expliquant la circulation de l’eau dans le sous-sol. Cependant, l’infiltration de l’eau vers les nappes dépend non seulement de l’abondance des pluies mais aussi de la texture du sol, de l’importance des vides présentés dans cette texture (GUYOT, 1974). Nous y voyons une évidente relation avec la pente ou la topographie, par conséquent avec la géomorphologie. Ainsi, des critères géomorphologiques servent à définir les bassins hydrogéologiques et hydrologiques, qui se superposent dans l’espace, selon l’orientation des réseaux d’écoulement (superficiel ou souterrain). Dans cette perspective d’aménagement, nous entendons le rôle de la géomorphologie par les conditions d’écoulement lato sensu (pluies, ruissellement, infiltration), rentrant dans le cycle global de l'eau à l'échelle de la capitale.