3.2.3. Le réseau actuel

Un amalgame de chenaux « naturels » et de fossés, caniveaux… constitue le réseau actuel de drainage. Les lits des petits cours d’eau qui drainent le site urbain (Ngola, Ngoubagara, Ngongonon, Nguitto…) représentent les chenaux « naturels » lorsqu’ils ne sont pas modifiés par le creusement de collecteurs et la construction d’ouvrages de franchissement, qui ont été réalisés à Bangui entre 1973 et 1979 (GROUPE HUIT, 1991). Ainsi le réseau actuel de drainage est constitué de trois principaux types de collecteurs (Figure 37) :

Figure 36 Hydrographie actuelle ou actuelle de Bangui (d’après IGN, 1987, modifiée)
Figure 36 Hydrographie actuelle ou actuelle de Bangui (d’après IGN, 1987, modifiée)

Néanmoins, une grande partie des écoulements se fait encore sans collecteurs définis : il s’agit de la voirie, du lit de rivières, de talwegs naturels ou de canaux sommaires dans les quartiers populaires. Par ailleurs, le diagnostic du réseau de voirie identifie l’insuffisance du drainage des eaux pluviales comme la cause majeure de dégradation :

En 1990 et 1991, la réouverture des collecteurs, la réhabilitation des tronçons, le rétablissement hydraulique de certains franchissements dans les collecteurs Kouanga, Aviation, Saïdou, Sica et Uzès II (Figure 37), sur une longueur totale de 6 550 m, ont nécessité l’excavation de 45 575 m3 de matériaux ensuite déposés dans les zones marécageuses (Tableau VII). A Bangui les grosses gouttes de pluie ont une énergie cinétique forte capable de mobiliser des matériaux de la taille de limon et de sable fin à grossier, sur les sols nus urbains. Ainsi, elles accélèrent le colmatage des fossés par sédimentation rapide, parallèlement aux dépôts d’ordures domestiques obstruant les linéaires artificiels.

Tableau VII : Les collecteurs aménagés, support du drainage à Bangui (GROUPE HUIT, 1991)

Collecteurs

Section (m2)

Longueur traitée (m)

Extraction et mise en dépôt (m3)

Aire extraite (ha)
Kouanga 20,5 1520 6230 1,5
Aviation 20,5, 14,3 et 7 2010 22772 7,5
Saïdou 6 870 5905 4,5
Sica 8 et 6 980 2443 -
Uzès II 5 1170 825 -
Total 87,3 6 550 45 575 13,5

Ces données nous montrent les limites de l’assainissement à Bangui, avec la déficience du drainage des eaux pluviales. Le sous-équipement est notable dans les quartiers populaires, lesquels par une croissance désordonnée et par la concentration d’habitations, augmentent le débit et le volume des eaux de ruissellement sur ces surfaces imperméabilisées. Les eaux de pluie n’ont pas d’exutoires (fossés, drains ou caniveaux). De ce fait, l’eau de ruissellement se déplace n’importe où, en charriant des débris organiques et en les déposant lorsqu’elle n’est plus compétente, particulièrement dans ces rares collecteurs ou drains mal entretenus dont la durée de vie n’est pas maîtrisée. Dans ce contexte, les Hommes et leurs biens sont exposés au risque d’inondation et peut-être de glissement de terrain...

Ce chapitre nous a permis de cerner les fondements de la dynamique hydrogéomorphologique du site de Bangui, en abordant les propriétés des formations géologiques, leurs potentialités hydrogéologiques et le façonnement de ces terrains par les facteurs tectoniques, paléoclimatiques et anthropiques, toujours actuels.

Figure 37 Réseau actuel de drainage (GROUPE HUIT, 1991, modifiée)
Figure 37 Réseau actuel de drainage (GROUPE HUIT, 1991, modifiée)

Notre étude des formations du substratum souligne une très forte tectonisation du site, qui se remarque au travers des principales unités topographiques (collines et plaine). L’intérêt hydrologique des roches dépend de la fracturation, des diaclases, des fissures et des failles qui rendent possible l’exploitation des eaux souterraines dans n’importe quel type de roche. Ainsi les principales unités hydrogéologiques sont des formations fini-précambriennes (carbonatées et non carbonatées), avec les séries sédimentaires fortement latéritisées. La transmissivité élevée, estimée le long des grandes failles N-S qui caractérisent le centre de la Dépression de Bangui, présente des débits encourageants au regard des pompages d’essai. Toutefois, d’un point de vue morphologique, nous constatons l’absence d’une circulation saine de l’eau en surface, se traduisant par une mauvaise hiérarchisation des cours d’eau en contexte naturel, d’où la présence des étendues marécageuses sur la majorité de la région. De plus, l’implantation de la ville dans cette situation fragile n’est pas aisée lorsque les réseaux d’évacuation ne suffisent pas pour évacuer l’excédent des précipitations, lequel est canalisé par les toitures en tôles d’aluminium (étant des surfaces contributives imperméables) qui augmentent le risque pluvial par une concentration simultanée et rapide des eaux de ruissellement. Cela montre l’intérêt de comprendre la dynamique des pluies dont les caractéristiques sont fonction du climat.