1.3.3. Les facteurs biogéographiques : la végétation

La forêt conduit en bien des cas à une atténuation sensible de la grande majorité des crues, mais il arrive qu’elle soit impuissante dans le cas d’averses exceptionnelles saturant le sol, et que, par conséquent, elle n’atténue pas les inondations les plus désastreuses (GUILCHER, 1979). Cet auteur montre aussi l’intérêt d’apprécier la différence de perméabilité des terrains en fonction de sa présence. Ceci montre que la forêt ne joue qu’en certains cas un rôle hydrologique que l’homme considère comme favorable ; en d’autres, la forêt n’est pas utile, lorsqu’elle serait sur un terrain perméable. Pour COSANDEY et ROBINSON (2000), « la forêt, à l’échelle des aménagements locaux, intervient sur le cycle de l’eau de deux manières : d’une part, par un enracinement souvent plus profond qu’un autre type de végétation et une interception plus importante de la pluie incidente ; d’autre part, parce que le type de couvert influe sur les cheminements de l’eau dans l’espace du bassin-versant, entre son point de chute et son apparition dans le talweg ». Cette influence se matérialise sur le volume de l’écoulement, lors de la sévérité des étiages. La modification des chemins de l’eau change les conditions de formation des crues, donc les volumes et les formes, et notamment la valeur des pics de crue.

Il y a plus d’un siècle, une forêt dense semi-caducifoliée, localement inondable, recouvrait le site de Bangui (VILLIEN, 1985). Il s’agissait de grands arbres tels que Ceiba pentandra (fromager), Triplochiton scleroxylon (Ayous), Terminalia superba (Limba)… dont les témoins ont subsisté de manière isolée. Le paysage actuel correspond donc à un défrichement récent et non à une savane, car les indices de la densité de la forêt sont encore remarquables sur le sommet des Collines de Gbazabangui au centre-ville. Certains auteurs parlent de « pauvre savane périforestière guinéo-soudanienne à Terminalia glaucescens et Albizia zygia » (FRANQUIN et al., 1988). Selon des informations orales que nous avons collectées, dans les années 1940 et 1950, la vallée de la Ngoubagara par exemple était colonisée par des herbacées vivaces, de type roseaux, et il n’existait pas d’arbres. Ces graminées vivaces se trouvent encore localement dans la vallée. A l’entrée actuelle du quartier Dédengué V (Fouh), un îlot de forêt dense subsistait, semble-t-il, et c’est probablement après déboisement que la carrière actuelle a été installée. De même un lambeau de forêt dense entourait le marais de Kalakpata (NGUIMALET, 1999 b). Il semble que le déboisement du secteur centre-nord à nord de Bangui fut accéléré par l’activité des charbonniers dans les années 1950. La construction d’un aérodrome à Bangui entre 1925 et 1930 a entraîné une coupe de forêt dense sur l’actuelle avenue des Martyrs.

Se posent donc aujourd’hui à Bangui des problèmes de ruissellement et d’écoulement ; est-ce en raison du déboisement ou d’une gestion inefficace du territoire par les pouvoirs publics ? Cette question nous permet d’amorcer l’étude du climat et par la même des pluies.