La présence des eaux de surface est tributaire de l’abondance de la pluie mais aussi de la géomorphologie. Le site de Bangui est principalement riverain de l’Oubangui, un des principaux affluents du Congo au nord du bassin, et de la Mpoko. En complément, les cours d’eau à caractère torrentiel tels la Nguitto, la Ngongono ou la Ngoubagara donnent les eaux courantes du site, de même que la Kokoro, la Guitangola, la Sapéké (Figures 3, p. 9, et 36, p. 97). Des eaux de surface stagnantes, tels les marais et étangs, existent aussi sur près des trois-quarts de l’étendue de l’espace banguissois. Nous remarquons que les problèmes posés par les eaux superficielles sont de plusieurs types et s’amplifient avec l’artificialisation de l’espace (extension de la ville, occupation anarchique du sol, insuffisance d’aménagements…). Ces maux se manifestent par des inondations, l’insalubrité due au mauvais drainage, la pollution découlant des rejets urbains, l’interconnexion probable entre les eaux superficielles et souterraines.
Le drainage « naturel » des eaux se fait mal lorsque les chenaux se confondent avec les bas-fonds marécageux en raison de la platitude du relief (Figure 6, p. 27), mais cela n’empêche pas le drainage artificiel des zones humides du site. Ceci provoque la divagation de l’écoulement lorsque, en dessinant de nombreux méandres, ces cours d’eau dissipent leur énergie, abaissent leur pente, et perdent leur torrentialité. Ainsi, la Ngola 22 , la Ngoubagara, la Nguitto… dévalent les versants escarpés des collines vers la plaine 23 où les transferts d’eau causent souvent des débordements. Les inondations répétées le long des petits cours d’eau façonnés en collecteurs sont dues d’abord à un manque de curage, ensuite à une insuffisance d’ouvrages 24 . Ces cours d’eau fonctionnent presque comme des oueds de par leur régime irrégulier : en saison sèche, l’écoulement est intermittent alors qu’en saison pluvieuse, il est permanent mais les débits ne se gonflent que par le ruissellement des eaux pluviales, avec des charges solides de granulométrie très hétérométrique. Quant à l’Oubangui, ses eaux n’inondent plus régulièrement la ville à cause peut-être des aménagements qui ont exhaussé quelque peu le niveau de sa rive droite, mais celles qui ont lieu de temps en temps montrent que ce phénomène n’est pas enrayé. Aucune étude hydrologique de l’Oubangui ne met en relief les différentes inondations du cours d’eau. Toutefois depuis 1960, les inondations ont eu lieu à Bangui en 1961 avec 14 400 m3.s-1, en 1962 avec 12 900 m3.s-1, en 1964 (14 100 m3.s-1), en 1969 (12 000 m3.s-1), en 1974 (10 800 m3.s-1), en 1975 (12 700 m3.s-1) et plus récemment en octobre-novembre 1999 (12 088 m3.s-1). Une étude des crues historiques catastrophiques de 1911 à nos jours est en cours (NGUIMALET, 2003 a).
Les étendues marécageuses participent également aux phénomènes d’inondation par leur comportement de surfaces saturées, par leur topographie, et en ce qu’elles trouvent leur exutoire dans les cours d’eau collecteurs. En concentrant le gros des eaux pluviales, elles exposent les habitations situées sur leurs marges. Ces marais incarnent les difficultés du choix d’un emplacement favorable à l’installation de la ville. En effet, ces milieux hydromorphes entraînent des conditions d’insalubrité car les eaux sont quasiment stagnantes durant les mois humides. Si elles étaient drainées, le désengorgement des terrains offrirait un cadre de vie sain, permettant d’éviter les risques de paludisme et de maladies d’origine hydrique.
Ainsi des prélèvements et analyses des eaux superficielles montrent-ils une forte pollution des marais et cours d’eau urbains selon ABDOULAYE (1996). Leurs eaux sont exposées aux poussières, à la chute des débris, aux rejets urbains de tous ordres et au ruissellement. La détection de composés volatiles met en relief une décomposition des matières organiques dans les eaux superficielles. La demande chimique en oxygène (DCO) de la Kokoro, de la Ngoubagara et de la Ngongonon s’élève à 87 mg.l-1. Ceci montre une très forte pollution de leurs eaux, entraînant une vie microbienne intense. Pour l’Oubangui, en revanche, la pollution paraît bien moindre du fait de sa grande capacité autoépuratoire et de la grande dilution qu’il assure. La pollution des eaux superficielles peut affecter les eaux souterraines par infiltration et par des forages mécaniques, lorsque certaines précautions ne sont pas prises. Nous n’avons malheureusement pas d’autres données sur la pollution des eaux superficielles pour étayer l’argumentation ; leur collecte peut toutefois faire l’objet de projets futurs.
La Ngola a un débit variable et ses eaux sont pompées par une station pour alimenter l’ex Centre IRD de Bangui comme les quartiers alentours.
La dénivellation des bas-fonds marécageux par rapport à l’Oubangui est variable localement : 4 à 15 mètres.
Les collecteurs existants sont souvent dépassés par les volumes d’eau qui ruissellent suite à chaque averse.