Les données que nous utilisons dans ce travail ont été collectées au moment des événements pluvieux ; elles ne paraissent pas assez complètes pour une analyse fine des paramètres, qui irait du pas de temps journalier au pas de temps mensuel, puis annuel voire interannuel, afin d’apprécier la dynamique des eaux pluviales du versant au lit fluvial. Si nous passons en revue les données obtenues par épisode pluvieux (elles sont présentées dans le tableau XIX), nous constatons que certains paramètres (ou variables) n’ont pas été observés pour certaines averses, ce qui est responsable d’un manque de données sur la période considérée. Néanmoins, nous avons fait le cumul des données existantes pour obtenir des totaux mensuels que l’on a mis en rapport avec les hauteurs mensuelles de précipitations observées.
La qualité des données sédimentologiques et pluviométriques fait qu’un biais existe dans l’analyse et l’interprétation de la morphodynamique du site de Bangui en raison de leur caractère incomplet. Quelquefois, les informations n’existent que pour une période très courte, et sont incomplètes de surcroît (parcelle nue n° 3 par exemple), ce qui rend difficile la tâche de dégager une tendance ; quant aux données sur le ruissellement en sols couverts, il n’y a pas assez de mesures… Ainsi, nous ne prendrons en compte que les informations disponibles et qui sont susceptibles de contribuer à la connaissance du milieu. Ces données sont classées en fonction de la succession des événements pluvieux dans le temps, lesquels rendent possible l’observation des deux paramètres : le ruissellement et l’érosion. En partant du pas de temps journalier, nous avons cumulé les moyennes ou les totaux pour chaque paramètre afin d’obtenir un ordre de grandeur à l’échelle mensuelle et annuelle. L’irrégularité des pluies ne permet pas d’avoir en continu les données mesurées du ruissellement et de l’érosion puisqu’il ne pleut pas durant tous les jours de l’année. Ceci fait que nous avons disposé les données selon la récurrence des épisodes à l’échelle du mois durant une année (Tableau XIX). Ainsi, l’évolution des paramètres est suivie à l’échelle calendaire, puis les données quantitatives d’une année à l’autre sont comparées à titre indicatif. Toutefois, au-delà de l’aspect discontinu des données, le ruissellement est bel et bien fonction des pluies selon la corrélation d’ensemble établie (Figure 54), ce qui est aussi valable pour l’acquisition des débits de la Ngoubagara.
L’étude des crues à l’exutoire de la Ngoubagara passe par certains événements pluvieux et les hydrogrammes de crue ont été d’une grande utilité. Les mesures effectuées à chaque station par KOKAMY-YAMBERE ont uniquement porté sur la descente de la crue. Notre analyse de ses données portera sur le temps de réponse (début de la crue par à l’épisode pluvieux), le temps de parcours (ou de ruissellement) jusqu’à l’exutoire, et le temps de latence 30 à une station, et d’une station à l’autre. Ceci vise à cerner la dynamique des eaux pluviales en milieu urbain, notamment à travers les sous-bassins disposés d’amont en aval (cf. Ponts de l’Amitié, Miskine et Sica III : Figure 53).
Les données de débits journaliers, mensuels et annuels de la Ngoubagara n’existent pas, ce qui ne permet pas d’établir un bilan hydrologique annuel ou pluriannuel. Elles sont ponctuelles, car relatives aux pluies, encore que toutes les averses ne sont pas mesurées à l’exutoire. Ces raisons limitent davantage les termes du bilan hydrologique sur ce cours d’eau.
La linéarité entre la pluie (mm) et le coefficient de ruissellement (%), que nous avons calculée, a donné une mauvaise corrélation : r = 0,4729693 ; ceci laisse penser, comme on peut s’y attendre, que le ruissellement ne dépend pas que de la pluie, et intègre d’autres facteurs dans son processus (Figure 54). Par la suite, nous avons déterminé la lame ruisselée en mm à partir des coefficients de ruissellement, afin de la corréler aux différentes hauteurs de pluie acquises en mm.
Cette piste a donné une bonne corrélation (0,931289) entre la pluie et le ruissellement sur parcelle nue, comme l’a aussi montré KOKAMY-YAMBERE. La présentation des lames ruisselées en mm permet également d’apprécier la capacité de ruissellement des pluies journalières d’un événement à un autre. En effet, l’état de saturation d’un sol est un facteur important pour expliquer les intensités du ruissellement et de l’érosion relatives à une averse donnée.
Le temps de latence se définit comme le temps qui s’écoule entre la précipitation et le ruissellement lequel provoque une réponse des cours d’eau. Le temps de réponse est le décalage chronologique entre le maximum de la pluie et la pointe de la crue.