1.1.2. L’analyse des pics de crue et la détection des phases de débordement fluvial

Nous avons réalisé un historique des débits maximums de crues de l’Oubangui à Bangui (NGUIMALET, 2003 a) dans le but d’estimer les débits qui ont provoqué des inondations dans le passé (Figure 71 a). Nous avons utilisé les débits moyens journaliers maximums des débordements du fleuve réellement mesurés. Sur la période 1935-1999 par exemple, les crues semblent avoir été globalement beaucoup plus fortes entre 1935 et 1970, car les débits moyens maxima journaliers dans l’ensemble ont fréquemment dépassé la barre des 10 000 m3.s-1 (en 1935, 1936, 1938, 1939, 1941, 1942, 1945, 1946, 1948, 1949, 1950, 1955, 1960, 1961, 1962, 1964, 1967 et 1969), ce qui pourrait révéler une régularité des débordements avec risque d’inondation fluviale. RODIER (1964) ayant estimé le débit médian annuel de crue de l’Oubangui à Bangui à 10 250 m3.s-1, nous avons choisi comme débit seuil 10 000 m3.s-1. Depuis 1970 les crues se sont situées en deçà de ce seuil fixé, à l’exception des années 1970, 1974, 1975 et 1999. La moyenne interannuelle des débits de crue de l’Oubangui à Bangui depuis l’origine des mesures jusqu’à nos jours est de 9 900 m3.s-1 ; après la crue de référence de 1916 qui a atteint un maximum de 16 000 m3.s-1, vient celle de 1961 avec 14 400 m3.s-1, puis celle de 1964 avec 14 100 m3.s-1, celle de 1917 avec 13 710 m3.s-1 et celle de 1999, avec 12 088 m3.s-1.

Ayant connu la crue de 1999 et connaissant de source orale celle de 1969 (12 000 m3.s-1), nous pouvons estimer que la crue de 1975 (12 700 m3.s-1) aurait causé une inondation de l’Oubangui plus importante qu’en 1999, et qu’elle est donc la crue de référence des trois dernières décennies. Dans les années 1960, les débordements des eaux du fleuve auraient été enregistrés quatre (4) fois : en 1961, 1962, 1964, et 1969. L’Oubangui aurait débordé une seule fois dans les années 1940 : en 1948 (12 400 m3.s-1), alors que les années 1950 n’auraient pas connu d’inondations si nous ne considérons que les débits des sinistres sont ≥ 12000 m3.s-1. Or de par ce que nous avons remarqué lors de la crue de 1999, nous pourrions proposer que pour un débit ≥ 11 500 m3.s-1, l’Oubangui puisse produire une inondation à Bangui. Ainsi, au vu de la dispersion des valeurs de débits qui ont provoqué les inondations sur l’Oubangui, nous pouvons supposer déduire qu’à plus de 10 500 m3.s-1, nous aurions le débit à pleins bords (Qpb). Les crues et les inondations ne semblent pas brutales sur ce fleuve ; elles sont progressives, s’étalent dans le temps et les pics peuvent durer de la semaine aux mois (Figure 73). Nous les avons ici présentées selon l’année hydrologique, qui va d’avril en mars. La figure 73 présente en effet les types de débordement de crue de l’Oubangui, mais il n’y a pas eu d’inondation dans cette période. Le plafonnement de crue de 12 088 m3.s-1 en 1999 ne ressort pas ici. Ainsi, d’après notre analyse des durées de crue de ce cours d’eau, les plus faibles durées sont observées en 1911 (9 jours) et en 1920 (8 jours) alors que les plus fortes se remarquent en 1961 (70 jours), en 1962 (60 jours), en 1914 (60 jours), en 1946 (56 jours), en 1916 (55 jours), etc. Nous remarquons aussi que les fortes crues ne correspondent pas forcément aux fortes intensités, bien que certaines crues relativement importantes telles que celles de 1969 aient enregistrées l’une des durées les plus élevées avec 65 jours.

Figure 73 Quelques caractéristiques de crues récentes de l’Oubangui à Bangui
Figure 73 Quelques caractéristiques de crues récentes de l’Oubangui à Bangui