La chronique des débits moyens mensuels et annuels de la Mpoko 34 que nous avons établie entre 1955 et 1973 montre que ce cours d’eau possède un régime de crue à un seul mode, observé entre septembre et novembre (Figure 76). L’année hydrologique 1955-1956, puis celle de 1975-1976, ont été exceptionnelles, avec un débit maximum de près de 800 m3.s-1, de période de retour centennale. L’année 1961-1962 correspond à un cycle humide normal, alors qu’en 1972-1973, les plus faibles débits sur cette période ont été enregistrés et s’expliqueraient par le début de la période de sécheresse climatique qui a influencé l’hydrologie des cours d’eau tropicaux ces dernières décennies. Dans l’ensemble, la variabilité hydrologique du régime est considérable.
Par ailleurs, les modules de la Mpoko ont été calculés par la méthode du bilan hydrologique (ORANGE, 1995) dans le but de déterminer les apports de son bassin-versant dans l’Oubangui entre deux stations (Figure 77) : Oubangui à Bangui (bassin de 488 500 km2) en amont et Oubangui à Zinga en aval (bassin de 521 900 km2). ORANGE (1995) a déterminé indirectement ces modules 35 en utilisant ceux de l’Oubangui à Bangui et à Zinga, puisque le principal tributaire de l’Oubangui entre ces deux stations est précisément la Mpoko. Il a aussi tenu compte des apports de la Léssé et du bassin-versant compris entre Bangui et Zinga (7770 km2).
Les résultats indiquent que les apports de la Mpoko sont notables à la station de Zinga, et sont proportionnels aux modules de l’Oubangui, selon les années hydrologiques (Tableau XXIV). Un module interannuel de 249 m3.s-1 est obtenu par cette méthode tandis que les mesures donnent un module de 278 m3.s-1. Or, la station est influencée par la proximité et le niveau de l’Oubangui 36 ; de ce fait, un autre mode d’estimation que la simple lecture de l’échelle de Bimbo est nécessaire. Le déficit d’écoulement sur le bassin de la Mpoko est compris entre 1110 mm et 1382 mm par la méthode du bilan, et entre 989 mm et 1439 mm par les mesures. Nous nous rendons compte d’une différence entre les deux démarches (mesure et méthode du bilan hydrologique) : les mesures surestiment les débits écoulés alors que l’autre procédé les minimise.Ces résultats nous montrent bien la similitude du régime mais les échelles ne sont pas volontairement les mêmes (Figure 77). Ces volumes d’eau écoulés aussi bien par l’Oubangui (mesurés) que par la Mpoko (calculés) sont largement supérieurs à ceux des systèmes fluviaux urbanisés de Bangui.
Oubangui à Zinga | Oubangui à Bangui | Apports Mpoko | Pluie (mm) | Coef. (%) | Lame écoul. (mm) | |
1953-1954 | 3580 | 3430 | 150 | 1417 | 113 | 122 |
1954-1955 | 4300 | 4030 | 270 | 1518 | 124 | 240 |
1956-1957 | 4480 | 4260 | 220 | 1597 | 132 | 188 |
1959-1960 | 4410 | 4110 | 300 | 1670 | 140 | 266 |
1966-1967 | 5020 | 4690 | 330 | 1986 | 175 | 287 |
1967-1968 | 4280 | 4020 | 260 | 1597 | 132 | 228 |
1968-1969 | 4960 | 4670 | 290 | 1758 | 149 | 253 |
1969-1970 | 6490 | 6070 | 420 | 1822 | 157 | 381 |
1970-1971 | 4530 | 4300 | 230 | 1399 | 110 | 203 |
1971-1972 | 3110 | 2890 | 220 | 1532 | 129 | 188 |
1972-1973 | 3510 | 3320 | 190 | 1350 | 105 | 164 |
1973-1974 | 2870 | 2750 | 120 | 1497 | 121 | 90 |
1974-1975 | 4140 | 3900 | 240 | 1536 | 129 | 208 |
4283 | 4033 | 249 | 1590 | 132 | 216 |
Deux sources de données de débits de la Mpoko nous ont été utiles. Dans les Annuaires Hydrologiques de la RCA disponibles à la Direction de la Météorologie Nationale, nous avons obtenu les données de 1955 à 1973 ; celles de 1974 à 1985 ont été estimées et fournies par ORANGE (1995).
Le modèle de calcul du bilan hydrologique est le suivant :
Q(Mpoko) = Q(Zinga)-Q(Bangui)-Q(Léssé)-S(Zinga-Bangui-Mpoko-Lessé)*Qs(Région/mois)
d’où Qs(Région/mois) = Qs(Léssé/mois) et Qs(Léssé) = Q(Léssé)/S(Léssé)
La faible pente à la confluence entraîne un déversement de ses eaux dans la Mpoko, ce qui explique que la mesure des débits à ce niveau ne serait pas fiable.