De la fondation de Bangui à 1960, la plupart des cours d’eau étaient encore exempts d’interventions humaines. Faisaient l’exception certains tronçons tels que celui de la Bouagba, rejointe par la Ngoubagara ; elle traverse le quartier de La Kouanga fraîchement urbanisé, et a subi des corrections et un reprofilage. Ceci montre que les lits majeurs étaient très faiblement touchés car il n’y avait pas de pression démographique et foncière, et de plus ces milieux étaient encore considérés comme insalubres, répulsifs, en raison de la présence constante de l’eau. Par exemple, le lit majeur de la partie amont de la Ngoubagara, dont celui de la Ngou-Nguélé, s’étendait localement entre 100 et 200 m, et la vallée de la Kokoro était large de 50 à 100 m, d’après les levés photographiques de 1960 et de 1973 (Figures 82).
Dans la vallée de la Ngoubagara, sur le site où est actuellement construit l’hôpital de l’Amitié, on élevait du bétail et des porcins (cf. Parc de la Cour). Au moment où la politique de nationalisation des terres a été lancée en 1971 42 , ce parc a été détruit par la population. Jusqu’en 1980, voire au début des années 90, certains de ces lits majeurs (des témoins) subsistaient, notamment là où les inondations sont très fréquentes (le tronçon pont de Miskine-pont Sica III sur la Ngoubagara, tronçon qui commence après le coude jusqu’au pont Sayez-voir sur la Ngongonon).
Nous les observons aussi là où la présence des marais est persistante malgré la pression urbaine : vallées de la Nguitto en amont (dépression sur la route de Ndress) et en aval (confluent Oubangui) ; vallées de la Ngoubagara (de la source à l’aval du pont de l’Amitié),…Actuellement, il n’existe pas de lit majeur en bordure des cours d’eau urbains à cause de la très forte emprise humaine dans l’espace urbain. Cette situation pousse les nouveaux venus de toutes catégories sociales à occuper des terrains dans des secteurs à risque.
L’Opération BOKASSA est antérieure à la réforme agraire de 1971 qui a permis de nationaliser les instituts français de recherches agronomiques devenus des coquilles vides (BOULVERT, 2002).