4.1. Caractéristiques et typologie des lits fluviaux et des fossés de drainage

Les chenaux des cours d’eau urbains ont des caractères variés : ils peuvent être rectilignes, subrectilignes et sinueux, comme en milieu naturel. Ceci est peut-être lié à la nature des terrains dans lesquels ils se sont modelés et à des interventions humaines dans le but de rejeter les eaux pluviales. De ce fait, les sinuosités de ces cours d’eau, qui ne sont pas des méandres classiques, ni des chenaux anastomosés typiques, résultent d’un état d’équilibre ; on pourrait poser l’hypothèse d’un déséquilibre engendré par la déstabilisation des bassins et la modification des flux, auquel cas la morphologie actuelle serait transitoire. Il semblerait possible de parler de tressage pour la Ngoubagara dont l’importante charge sédimentaire d’origine anthropique, qui ne transite que pendant les crues pluviales instantanées, se dépose et divise l’écoulement dans le chenal. Cependant, plusieurs formes d’interventions humaines caractérisent les lits de l’amont à l’aval des bassins-versants urbains. Ceci donne à la fois aux chenaux un caractère naturel et artificiel, ce qui nous permet d’observer pour l’ensemble de ces cours d’eau urbains trois types de lits (Figure 83) :

  • des tronçons « naturels », qui dominent encore sur la Ngola à cause peut-être de sa position marginale au nord de la ville et sur la Nguitto qui est aussi marginalisée par la présence des collines de Bangui délimitant son bassin à l’ouest, particulièrement entre le pont sur la route des NDRIS et le quartier Kassaï I. Toutefois, ils se font rares sur la Ngoubagara (une partie du cours amont et une autre du cours aval), sur la Ngongonon, même dans le flat marécageux entre le haut et le moyen bassins, et sur la Kokoro. Quant à la Guitangola, le fait qu’elle coule également dans un flat marécageux de l’amont à l’aval, donne encore un caractère naturel au lit bien que l’anthropisation y soit de plus en plus poussée ;
  • des chenaux à aménagement sommaire se remarquent sur des tronçons du lit qui se trouvent en pleine ville et dont les habitations dominent parfois les rives. C’est pourquoi pour parer aux crues urbaines sur leurs cours, les riverains n’hésitent pas à y construire des digues ou des épis pour lutter contre les inondations : même avec du béton le long des chenaux, certaines crues arrivent à saper les berges. Quelquefois, les tronçons sont redimensionnés avec des moyens simples (pelles, pioches…) afin d’acheminer le maximum d’eau. Ces tronçons sont dominants sur la Ngoubagara et la Ngongonon ;
Figures 83 Caractéristiques des chenaux en fonction des aménagements (lits naturels, à aménagement sommaire et aménagés)
Figures 83 Caractéristiques des chenaux en fonction des aménagements (lits naturels, à aménagement sommaire et aménagés)
  • et des tronçons aménagés : ils déterminent entièrement les lits de la Bouagba et de la Sapéké, presque entièrement le cours de la Kokoro mais la pluviométrie exceptionnelle de 1999, qui provoqua des inondations un peu partout en Centrafrique, a réactivé le flat marécageux aménagé quelques années plus tôt. La Ngongonon et la Ngoubagara sont aménagées sur plus de la moitié de leurs cours (Figure 85). Dans ce type de chenal, s’insèrent les fossés de drainage de tous ordres creusés aussi bien pour drainer les zones marécageuses que pour transférer les eaux de ruissellement, notamment autour de l’Aéroport de Bangui-Mpoko, dans les ensembles Sica-Saïdou, les quartiers Bakongo, La Kouanga, Boeing…

Ces chenaux ont donc des talwegs qui changent selon les matériaux qui affleurent et occupent le chenal.