5.1.2. L’érosion linéaire

L’érosion linéaire est le phénomène de creusement des cours d’eau, ou des lignes d’écoulement lorsqu’ils sont en plan. Ce type d’érosion influence l’ajustabilité des profils longitudinaux car, si le profil est régulier, la réalité de l’incision est mise en évidence ; quand il présente des marches en escalier nous en déduisons que le cours d’eau ne creuse pas son lit en roche dure. L’incision peut affecter durablement la morphologie des lits à l’échelle des tronçons, induisant par exemple une érosion latérale qui régularise à nouveau les profils en travers et en long, voire à l’échelle du réseau hydrographique lorsque les chenaux secondaires en sont affectés. Cependant, par des apports sédimentaires importants dans le cours d’eau, l’érosion linéaire est minimisée. Cette dernière caractéristique semble caractériser les rivières urbaines (à Bangui), étant donné l’érosion active des sols nus latéritisés ou gravillonnaires et argileux ; les différents travaux (terrassements, briqueteries…) fournissent des sédiments en quantité qui se déposent dans les talwegs à cause peut-être de la ripisylve, mais aussi de la faiblesse de la pente dans la plaine (Figures 79). En observant la profondeur de ces cours d’eau comparativement relativement au contexte marécageux dans lequel la plupart des chenaux ont évolué par rapport à l’actuel anthropisé, il est pourtant tentant de reconnaître le fait d’incision au détriment du processus de remblaiement, lui-même d’actualité. Ceci nous paraît probable car les lits fluviaux sur les tronçons « naturels » ont l’air encaissés actuellement dans les flats marécageux ; l’explication proviendrait du volume des eaux de ruissellement transféré à chaque pluie, et des sédiments charriés. Ainsi, nous pensons que l’incision est à chaque fois masquée par des dépôts après chaque crue. Car pour qu’il y ait incision, il faut un déséquilibre tel que Ql > Qs,ce qui entraîne une énergie plus forte relativement à l’accroissement de la charge de fond. Ces deux variables peuvent ajuster les chenaux dans la limite du possible et de la puissance des débits, bien qu’à chaque fois les eaux débordent les lits. Dans ce contexte, la charge solide de fond apparaît comme une variable décisive, lorsqu’elle est piégée ou ne l’est pas.