5.1.4. La colonisation végétale des talwegs

Avant que le site de Bangui ne soit humanisé, les vallées de ces petits cours d’eau comportaient un cordon végétal, allant des forêts-galeries aux différents types d’herbacées en fonction des tronçons fluviaux et de la morphologie des terrains. De cette façon, la végétation de la majorité des chenaux qui parcourent la plaine marécageuse du site est dominée par des herbacées, supplantées par quelques arbustes, arbres, palmiers à huile ou rôniers (Planche IX, Photo C) : la vallée de la Ngoubagara est essentiellement colonisée par les roseaux de l’amont à l’aval ; ceux-ci se rencontrent aujourd’hui dans le lit fluvial. Cependant, cette végétation est sujette à une autre évolution qui influence aussi les flux d’eau et de sédiments, lesquels influencent eux-mêmes la végétation. En effet, la colonisation des talwegs à Bangui a de multiples impacts sur la morphologie des lits fluviaux, à l’échelle des tronçons, qui varient dans l’espace et dans le temps selon les apports sédimentaires et selon les conditions hydrauliques. De ce fait, le lit de la Ngoubagara, qui véhicule une importante charge de fond grossière, présente à chaque saison sèche une dynamique particulière liée à la végétalisation poussée du chenal et à son arrachement à la reprise des pluies. A cette période où l’écoulement est très faible, voire diffus et sous-jacent, les sables et graviers qui tapissent le talweg voient se développer un cycle de végétalisation qui rend compte de l’inactivité du cours d’eau (Planche VII, Photo C). Ce colmatage fait que le sable est imbibé de l’eau souterraine qu’utilise la strate herbacée à ce moment de l’année. Lorsque la pluie tombe, les eaux de ruissellement, qui grossissent en général les débits de la Ngoubagara, nettoient le talweg en charriant d’autres apports sédimentaires issus des versants et anéantissant de ce fait cette strate végétale (Planche VII, Photo F). Ce phénomène ne peut se produire lorsque les herbacées sont plus grandes et plus résistantes aux flux d’eau et de sédiments. Pour cela, les effets de la colonisation végétale des chenaux fluviaux urbains seront analysés en fonction du flux d’eau, du transit sédimentaire, et des formes d’érosion qui en résultent.