5.3.1. Le rôle géomorphologique du débit à pleins bords

Le débit à pleins bords se présente comme le meilleur moyen d’évaluer les risques de débordement et donc d’inondation dans la plaine alluviale, avec ce que cela implique en terme d’aménagement du territoire. Un double fonctionnement géomorphologique et hydrologique le caractérise (BRAVARD et PETIT, 1997).

Sur le plan géomorphologique, le débit à pleins bords apparaît ensuite comme un débit caractéristique, au-delà duquel des phénomènes sédimentaires pourront se produire dans le lit majeur (édification des levées naturelles, décantation de matériaux fins dans la plaine alluviale). Certains phénomènes d’érosion dans le lit majeur tels que les recoupements de méandres s’enregistrent en ce moment là. Il est par ailleurs considéré comme proche du débit dominant pour les phénomènes de mise en mouvement de la charge de fond, et pour l’efficacité de l’évacuation du matériau par charriage. C’est le point optimum d’efficacité pour les modifications géomorphologiques au sein du lit mineur, qui expliquent les interrelations entre les débits à pleins bords et les paramètres géométriques des rivières.

Sur le plan hydrologique, la connaissance de la valeur du débit à pleins bords est nécessaire, car la propagation de l’onde de crue peut être affectée par le débordement de l’eau et son immobilisation dans la plaine alluviale qui fait diminuer les débits. Mais il faudrait aussi connaître sa période de retour qui varie d’un cours d’eau à l’autre, et selon les caractéristiques physiques des bassins. Ce débit à pleins bords nous éclaire donc sur la contenance des chenaux fluviaux urbains, et de ce fait sur la rythmicité des crues et les risques d’inondation pour les riverains. A Bangui, les crues ne sont pas absolument morphogènes, puisque leur rôle morphologique n’est pas perçu dans les chenaux ; ceci serait peut-être dû à la faible énergie d’ensemble du relief dans le site.