CONCLUSION PARTIELLE

L’étude du mouvement superficiel et des linéaires d’écoulement dans l’espace urbain de Bangui est fondée sur l’impact des eaux pluviales dans un contexte géomorphologique fragile, non seulement à cause des formes d’occupation du sol, mais également parce que le milieu y prédispose. En effet, le point focal de ce travail est l’eau pluviale qui, en tombant sur un sol nu, tassé et imperméabilisé, engendre le ruissellement et l’érosion. Ce transfert de matières liquides et solides, du versant au lit fluvial, est mesuré aussi bien sur des parcelles expérimentales qu’à l’exutoire des bassins-versants urbains qui acheminent les produits eau et sédiment de l’amont à l’aval. Les résultats obtenus dans les deux types d’expérimentation montrent qu’environ 50 % en moyenne, quelquefois au-delà avec des valeurs qui atteignent 98 %, de l’eau qui tombe, s’écoule, ce qui suppose une réaction simultanée des bassins au ruissellement. Le taux d’érosion des sols atteint 40 à 90 t.ha-1.an-1, avec des valeurs aussi fortes sur sols nus que couverts (Tableau XIX), mais les données fournies par des parcelles ne traduisent qu’une image partielle des processus. Dans le détail, ces résultats sont déterminés par des paramètres tels que l’humidité préalable du sol, le volume et l’intensité des pluies, le taux de couverture du sol…

Toutefois, les matières (eau et sédiments) provenant des versants se concentrent dans la zone basse, marécageuse où des problèmes d’écoulement se posent. L’examen des profils en long nous enseigne que les cours d’eau ont des pentes plus élevées sur les collines et sur le piémont que dans la plaine ; ceci justifierait la rapidité des crues et décrues, et également leurs caractères soudains et brutaux qui peuvent faire des sinistrés lors des débordements. En amont des bassins, les chenaux « naturels » sont denses, ce qui n’est pas le cas en aval. De plus, le ruissellement concentré sur ces pentes fortes, emporte des sédiments, qui se déposent dans les principaux cours d’eau collecteurs lorsque leur compétence baisse ; il concourt indirectement au risque d’inondation en raison de l’insuffisance du drainage et de la contenance des chenaux, sinon leur compétence.

En effet, les profils transversaux des rivières urbaines sont adaptés à des écoulements en contexte naturel où le ruissellement de surface ne trouve pas les mêmes conditions qu’actuellement, avec une augmentation des volumes et des pics de crue. Cette artificialisation du système d’écoulement exagère la mauvaise circulation de l’eau, d’autant que les aménagements adéquats ne sont pas encore réalisés.

Ainsi, l’analyse de la dynamique des eaux superficielles et de leurs artères débouche sur la question des zones humides en raison de leur imbrication dans les transferts (concentration des eaux de ruissellement et déversement dans les cours d’eau). Ce couplage marais-rivières ne saurait être possible sans l’apport des eaux souterraines qui les alimentent, d’où l’intérêt de voir leurs interrelations.