1.1.1. La prise en compte des caractéristiques géomorphologiques

SEMENIUK (1987, citée par BARNAUD, 1998) propose une approche fondée sur les composants majeurs déterminant le développement des zones humides, à savoir l’humidité(milieu inondé de manière permanente, inondé de manière saisonnière, saturé de manière saisonnière) et la géomorphologie (bassin, chenal, étendue plane).

Dans ce contexte, ROGGERI (1995) propose quatre unités géomorphologiques qui déterminent les zones humides d’eau douce : les plaines alluviales basses, les petites vallées, les bords des lacs et les dépressions. Ainsi, les plaines alluviales basses et les dépressions nous concernent ici dans le cas de notre étude. Dans les plaines alluviales, nous retenons les plaines frangeantes qui sont des zones inondables « étroites », plus longues que larges, situées dans les lits majeurs des cours d’eau : ceci correspondrait à la zone d’inféroflux de l’Oubangui. Ainsi, nous notons tout le long de l’Oubangui, depuis Ouango-Sao vers l’Est de la ville en passant par l’aval immédiat de l’hôtel SOFITEL jusqu’à Bimbo (confluence Mpoko), que le rétrécissement du lit, lié à la baisse de la pluviométrie depuis l’Holocène (période de haut niveau des cours d’eau et de forte pluviométrie) jusqu’à nos jours, a laissé derrière des bas-fonds marécageux et surtout un bourrelet de berge argilo-sableux, qui continuent à être inondés par l’Oubangui, sur lequel une route est construite. L’observation du niveau de ces bourrelets par rapport au lit actuel de l’Oubangui nous amène à qualifier ces bas-fonds de lit majeur de l’Oubangui et de ses affluents (avec une hauteur variant localement de 1 à 1,5 m). Ce lit majeur, ou terrasse alluviale, occupe tout l’Est et le NE du quartier Ouango et est allé au chevet même du quartier Kassaï ; c’est par laquelle que l’Oubangui a coulé dans une partie du couloir de Ndress et aurait communiqué avec la Gbangouma, un affluent de la Nguitto.

Les dépressions des bassins hydrographiques, des plateaux et terrasses sont des zones en forme de cuvettes où les eaux convergent. Les dépressions étant mal ou, en l’absence d’exutoire, pas du tout drainées, les eaux peuvent stagner car l’origine de ces dépressions est liée en général à des processus non fluviatiles. Plus basses que les terrains environnants, les dépressions sont aussi des lieux privilégiés pour les affleurements de la nappe phréatique. Les zones humides caractéristiques des cuvettes sont des étendues d’eau peu profondes (lacs peu profonds, lagons, mares…) et des marais. Grâce à des exutoires, les dépressions peuvent être drainées par écoulement superficiel des eaux ; c’est le cas à Bangui. Cependant le drainage de ces zones est souvent entièrement dépendant de l’évaporation et des infiltrations.

Notre prise en considération des critères géomorphologiques dans la classification des zones humides semble justifiée du fait que chacune des variables qui constituent ces milieux possède une topographie que l’eau peut localement façonner et que la végétation tend à stabiliser, voire à figer. De ce fait, la nature des terrains dans lesquels les zones humides sont ancrées apparaît comme un « socle » qui dicte localement les formes que prennent ces milieux en relation avec la présence de l’eau. Car ces morphologies variées des zones humides sont à mettre au compte des conditions « naturelles » stricto sensu, par l’influence d’une trilogie morphostructure, nappe phréatique et précipitations.