2.1. Localisation et extension

Le poste militaire colonial à l’origine de la ville de Bangui est né dans la plaine inondable de l’Oubangui, juste au pied des Rapides. Par la suite, à défaut d’un emplacement exondé, la croissance spatiale urbaine s’est amorcée d’abord en grimpant sur le piémont des collines de Gbazabangui et les témoins de plateau aux traits morphologiques et altitudinaux proches, qui sont hors d’eau, ensuite en s’étalant dans la plaine marécageuse « insalubre ».

L’identification des zones marécageuses du site de Bangui a commencé par les marais qui entouraient le poste dont les eaux sont qualifiées de « croupissantes », de « puantes » par les administrateurs coloniaux et les missionnaires. La mise en évidence de cette plaine marécageuse a été réalisée quelques temps après la fondation de la ville, ceci à cause vraisemblablement de l’importance de la forêt inondable qui masquait la reconnaissance dans ces terrains hydromorphes. Nous retrouvons actuellement le paysage typique de l’état ancien sur la route de Mbaïki, à la sortie sud-sud-ouest de Bangui.

Leur importance dans la plaine de Bangui (Figure 6 : p. 27), dans le couloir de Ndress en amont et en aval de la Nguitto, de même dans la vallée de la Mpoko aux confins du Grand Bangui à l’ouest, les fait remarquer dans les paysages. Ils ont été signalés par les explorateurs, voyageurs ou administrateurs dès la fondation du poste colonial. Selon des anciens résidents de Bangui, vers 1948 un vaste marais s'étendait là où se trouvent actuellement les quartiers Ngouciment, Basse-Kotto, une partie du quartier Sara et du Camp des Castors jusqu’à Yakété (Figure 1 : p. 4).

Entre Galabadja et les Sinistrés, et à côté de l’ex-usine UCATEX, existait un marais, de disposition subméridienne, qui porte le nom du premier locataire des abords du site, à l’époque Ngbédékoya, mais son nom véritable est Kalakpata qui signifie en langue Banda la boue ou être dans la boue. Les vases qui tapissent son fond se comportent comme du sable mouvant selon des sources orales. Les anciens marécages se reconnaissent actuellement à une hydromorphie locale et à la présence de sources, souvent identifiées dans les canaux de drainage. De tels exemples ne manquent pas dans la ville. Cependant, ces marais influencent considérablement la circulation de l’eau superficielle qui résulte essentiellement des précipitations. Les caprices de la nature qui ont donné lieu à ces paysages, peuvent avoir leur explication dans la nature des roches.

Ces étendues marécageuses atteindraient les deux tiers de la superficie de la ville de Bangui et ne concernent que des terrains argileux. Elles sont plus importantes à l’ouest, au centre-ouest, au centre-sud, au sud et au sud-ouest, dans la majeure partie plane du site plutôt que dans le Couloir de Ndress, dépression confinée à l’intersection des deux alignements des collines, drainée par la Nguitto (Figure 6 : p. 27) ; sur le terminus de ce couloir vers Ouango-Sao et Gbangouma, ces marais existent, dérivant de l’ancien lit de l’Oubangui. On en trouve également dans les vallées de la Mpoko, de la Ngola, de la Ngoubagara, sur le bassin amont de la Louga au sud-ouest de l’Aéroport de Bangui-Mpoko, notamment à l’ouest du quartier Boeing.