2.2. Genèse et évolution

L’histoire de ces espaces humides devrait être strictement « naturelle » bien que la présence humaine sur le site de Bangui remonte au Paléolithique (I § 4.1 : p. 43). Toutefois, l’histoire humaine nous permet de comprendre l’évolution de ces zones marécageuses dans l’espace et dans le temps. Leur évolution actuelle et future est tributaire des formes d’actions humaines visant à les transformer au fur et à mesure que l’espace « habitable » se raréfie à l’intérieur et aux alentours immédiats du périmètre urbain. Des années 1980 à nos jours, une vague d’assèchement et d’aménagements de tous ordres (sommaires et systématiques) a affecté ces milieux, les faisant rayer peu à peu de la carte de Bangui. Nous pouvons qualifier cet assèchement d’involontaire. Car les conditions hydrodynamiques qui président à la recharge de la nappe phréatique superficielle par infiltration, ont été modifiées dans l’espace et dans le temps par l’installation de l’habitat et des activités humaines dans leurs environs. Cette occupation limiterait peu à peu l’infiltration qui renouvelle chaque saison le niveau hydrostatique, car elle donne lieu à un ruissellement pluvial important. En fait, au début des années 1980, les marais tels que Ngou-Lossô (qualifiant une rizière dans ce bas-fond) sur la Ngongonon, Kalakpata dans le bassin-versant du même cours d’eau se sont asséchés par tarissement de la source et par le comblement des bas-fonds. L’explication est que la nudité des sols latéritiques du piémont et des plateaux les expose à l’érosion ; la concentration des sables et graviers ferrugineux par les eaux de ruissellement colmate ou ensable de plus en plus les marais ; pourtant, de manière mythique, on accuse la coupe d’un arbre (le kapokier, le faux appelé la karanga, qui est un témoin de la forêt de l’époque), qui serait protecteur de la source du marais Kalapkata, pour expliquer son assèchement. Dans les années 1990, ce fut au tour des marais Ngou Koulou (quartier Malimaka) et des sites des Marchés de Miskine et de Pétévo d’être curés et remblayés par de la latérite. La même technique a été appliquée dans le cadre de l’assainissement du quartier La Kouanga au début des années 1950.

Par ailleurs, quelques hypothèses concourent à montrer la genèse de ces bas-fonds marécageux (BOULVERT et SALOMON, 1988 ; NICOD et SALOMON, 1990), communs du site de Bangui, qui caractérisent les paysages de plaine en milieu tropical : elles mettent en relief l’activité des crypto-karsts. Ainsi en considérant le poids du crypto-karst à côté de l’emprise humaine à Bangui, nous pouvons définir une typologie adaptée à ces marais (p. 50).