2.2.2. Typologie actuelle des zones marécageuses de Bangui

Nous fondons notre principe de classification sur l’évolution des zones marécageuses en fonction de la croissance urbaine. Leur étendue dans l’espace urbain par rapport aux terrains exondés, « sains », pousse à leur colonisation sous diverses formes pour gagner de l’espace « habitable », leur imposant de ce fait un nouveau mode de fonctionnement. Ainsi, selon la dynamique actuelle des marais et marécages, nous remarquons que la fonctionnalité dépend de la manière dont l’emprise anthropique se manifeste dans son intensité ou dans ses formes. Pour cela, nous définissons trois (3) types de marais et marécages fondés sur la prise en compte de leur fonctionnement dans un contexte de forte anthropisation, sur l’importance relative de l’hydromorphie, sur des types d’aménagements ou d’occupation du sol et enfin sur la durée de séjour de l’eau soit après les averses, soit pendant la saison pluvieuse. Le tout n’exclut pas la topographie comme critère de classification, puisque ce sont des zones altitudinalement basses de l’espace urbain. Il s’agit des marais et marécages fonctionnels, des zones marécageuses bien ou mal aménagées et des marécages occasionnels (Fig. 93).

• Les marais et marécages fonctionnels sont ceux qui continuent à être immergés ou engorgés d’eau durant la période pluvieuse. Leurs fonctions initiales sont malgré tout observées, telles que la production des végétaux, des ressources halieutiques, des inondations périodiques (écrêtement des crues, réalimentation de la nappe phréatique)… Ils sont soumis aux activités humaines telles que la pêche, la cueillette durant toute l’année, et le maraîchage en période sèche. En guise d’exemple, les zones marécageuses fonctionnelles se trouvent sur la Basse-Nguitto et sur le tronçon où le chenal de l’Oubangui s’est rétréci en forme d’entonnoir à l’Est de la ville en amont des Rapides (précisément à Ouango-Sao). Sur une partie des marais du pk 10, on note aussi les zones marécageuses qui longent l’Oubangui depuis Lakouanga jusqu’à Kolongo, les marais du sud-ouest allant de la Guitangola via Pétévo jusqu’à Bimbo, non loin de la confluence Mpoko-Oubangui. Il y en a aussi dans le Nord de Bangui sur une bonne partie de la vallée de la Ngola au NNO de l’Aéroport, au nord de Sakaï V et à l’ouest du pk 12. Un autre marais fonctionnel est situé au SO de l’Aéroport et à l’ouest du quartier Boeing (source de la Louga).
• Les zones marécageuses bien ou mal aménagées représentent les secteurs de la ville où l’emprise humaine est à la fois lâche et systématique ou méthodique. C’est souvent dans ces secteurs que les marécages subsistent ; leurs indices se matérialisent par des sources aussi bien dans des fossés de drainage que dans les marécages occupés sommairement par la population, sans aménagement approprié. Nous les retrouvons dans la vallée amont de la Nguitto, sur la Kokoro, à l’est et au sud-est de l’Aéroport, au quartier Malimaka (cf. Ngou Koulou), au quartier Sica-Saïdou, au quartier Galabadja avec le marais Kalakpata qui se prolongent jusque derrière l’ex-usine UCATEX, le site actuel de l’hôpital de l’Amitié, les quartiers Kpéténé et Bakongo, le site du Marché de Miskine, ceux du Marché de Kokoro et de Pétévo… Pour les fossés de drainage, il y a les fossés Aviation, Uzès I, Uzès II, Bouagba, Kouanga, etc. Le centre-ville, depuis l’hôtel SOFITEL jusqu’au quartier La Kouanga via le site de l’Ambassade de France, est bâti sur des zones marécageuses. Entre les deux premiers types définis, la différence est que le second est habité ou drainé.
• Les marécages occasionnels ou temporaires sont des zones hydromorphes et basses qui concentrent les eaux de ruissellement sur une courte durée, allant de quelques heures à plusieurs jours. Ils découlent en effet des anciennes zones à marais permanents. Nous pouvons les retrouver sur les abords des marécages, dans la vallée de la Ngoubagara, la vallée de la Ngongonon, au quartier Kolongo à la limite 3e-5e Arrondissements, sur le stade de l’UCATEX et ses environs marécageux, dans les quartiers SICA II et III, au quartier Kpéténé, à Bakongo, à Mbossoro, à Pétévo, etc. Nous jugeons justifié d’intégrer dans cette classe toutes les anciennes carrières d’extraction de la latérite dans la ville de Bangui (cf. Fatima, Cité Jean XXIII, 92 Logements, Foû, proximité du Stade B. Boganda, etc.). En effet, le fond de ces carrières étant situé sous la surface topographique, par conséquent n’ayant pas d’exutoire, les eaux de ruissellement s’y concentrent et induisent un fonctionnement artificiel de type zones marécageuses. Bien qu’en 1966 il ait été interdit de construire dans d’anciennes carrières (YONGOLO, 1997), elles sont toutes colonisées par des habitations de nos jours. De par l’attirance par l’eau, elles participent aussi à la dynamique hydrologique de ces zones humides.