5.3.1. Evolution de la granulométrie des sables

Les courbes cumulatives pour chacun des douze profils sédimentologiques résultant des sondages nous fournissent des éléments d’appréciation sur la dynamique sédimentaire passée (Fig. 100), étant donné que les prélèvements ont atteint une profondeur maximale de trois mètres.

Dans les trois premiers profils sédimentologiques (I, II et III), les courbes sont dans l’ensemble sigmoïdes, ce qui indiquerait une accumulation d’origine fluviale, avec des sables dont un peu plus de la moitié est constituée des grains de 0,5 mm de diamètre. Cela suggère que l’écoulement peut être faible au vu de la platitude du relief et de la couverture du sol.

Un peu en aval des premiers profils, ceux qui les suivent immédiatement (IV, V et VI) n’ont pas connu la même dynamique. Les courbes cumulatives du profil IV sont aussi sigmoïdes dans l’ensemble mais certaines strates échantillonnées présentent des figures qui tendent à être logarithmiques, suggérant une absence de tri. Sur le profil V, l’absence de tri caractérise la succession des dépôts, avec probablement un écoulement brutal qui serait dû à des crues exceptionnelles, mobilisant les matériaux. Deux types de courbes se lisent sur le profil VI : des sub-paraboliques (NG 60, 61, 62 et 63) et des sub-hyperboliques (NG 64, 65, 66 et 67), traduisant deux dynamiques différentes. Ainsi, deux interprétations pourraient donc les expliquer : soit une érosion importante, alliée à un écoulement d’une compétence donnée, s’est produite dans un contexte probablement sec, avec une absence de couverture végétale, ce qui rendrait compte du transport de ces sédiments grossiers (Figure 98) ; soit cette dynamique précédente a alterné avec une période où l’érosion et l’écoulement étaient faibles dans un contexte humide, avec présence de la végétation qui ne permettait qu’un transport et un dépôt des éléments fins.

Quant aux courbes cumulatives des profils VII, VIII et IX (Fig. 100 g, h et i), leur lecture nous fait constater une similitude dans les modes de dépôt des échantillons correspondant aux profils sédimentologiques VII et IX ; cependant, quelques cas de classement se relèvent dans le profil VII, notamment pour certains échantillons des horizons superficiels (NG 70, 71, 72, 73 et 75).

Figure 100 Courbes cumulatives granulométriques de sables des profils sédimentologiques réalisés dans les bas-fonds du SO
Figure 100 Courbes cumulatives granulométriques de sables des profils sédimentologiques réalisés dans les bas-fonds du SO

Ainsi, la sédimentation est déterminée par plusieurs dynamiques : les courbes logarithmiques à sub-logarithmiques suggèrent une quasi-absence de tri dominante dans les deux profils, cependant que les cas de classement obtenus sur certaines courbes du profil VII indiquent une sédimentation alternant les processus fluviaux et les processus à caractère brutal. En revanche, sur les courbes paraboliques du profil VIII où prédominent des éléments fins, un phénomène de décantation dans un bassin de retenue ou un lac, ou bien dans une ambiance fluviatile nous a semblé possible. Les marges passives des réseaux hydrographiques qui sont caractérisées par ces dépôts fins, du fait de la faiblesse de l’écoulement ou du piège de la ripisylve, évolueraient comme des bassins de décantation.

Figures 100 (suite)
Figures 100 (suite)

Enfin, les profils X, XI et XII (Fig. 100 j, k et l) n’ont pas été formés par les mêmes types de dépôts ; cela est lisible sur les courbes cumulatives respectives. Les turbidites grano-classées plurimodales caractérisent les courbes du profil X, ce qui suppose un mélange de stocks différents de matériaux parfois interprétés comme des « turbidites » continentales. Pour le profil XI, nous avons des courbes sub-hyperboliques (prédominance d’éléments grossiers), des courbes indiquant des turbidites évoluées et des sub-paraboliques ; cela montre qu’une absence de tri avec intercalation d’éléments grossiers souvent à la base (NG 115, 116 et 117) et d’éléments fins dans les horizons supérieurs explique la dynamique sédimentaire.

Le dernier profil (XII) présente des courbes à turbidites évoluées, des sub-paraboliques et des paraboliques. Dans l’ensemble, les éléments fins semblent résulter de dépôts de ruissellement à indices d’évolution très élevés ; des indices de remaniement de sédiments très fins et peut-être de suraccumulation y sont remarqués. Ainsi, cette tendance à l’alternance d’écoulements brutaux et lents, qui met en relief une variété de modes de sédimentation et de transport avec des matériaux fins et grossiers emballés dans une matrice argileuse qui s’intercalent, est minimisée, voire masquée par les résultats de l’analyse granulométrique (Fig. 101).

Figures 101 Analyse granulométrique des sables de bas-fonds du SO de la ville de Bangui
Figures 101 Analyse granulométrique des sables de bas-fonds du SO de la ville de Bangui

Ces sables, bien que globalement fins, deviennent progressivement plus fins, de l’amont à l’aval, avec une diminution du grain moyen (MD), même si localement sa valeur peut équivaloir, voire dépasser celle du Q1. Ils paraissent mieux classés selon les indices granulométriques Qdphi et SO calculés (Fig. 101). La perturbation des valeurs des paramètres et des indices obtenus sur le profil VI s’explique par la prépondérance des éléments grossiers (voir le pic des figures 98 et 101) ; aussi la localisation de ce point d’échantillonnage à la confluence de la Guitangola avec l’ancien lit de l’Oubangui, aujourd’hui marécageux, justifierait-elle d’une forte compétence de ce petit cours d’eau dans le temps. Ce cas est le plus perceptible, toutefois certaines fractions grossières se remarquent épisodiquement vers l’aval, et influencent le classement qui n’est pas du tout bon ; cela se matérialise sur les courbes cumulatives des profils VII à XII (Fig. 100 g à l).