5.3.2. Origine des dépôts

Les dépôts étudiés sont formés des matériaux qui ont colmaté la dépression tectonique de Bangui, et de ce fait les échantillons bruts et sables dérivés qui ont été analysés ont connu une dynamique sub-actuelle (Quaternaire). Cela se matérialise bien dans les courbes cumulatives de chaque échantillon à l’échelle d’un profil sédimentologique par exemple (Figures 100), car la succession des strates de bas en haut (sur une profondeur maximale de 3 m) n’a pas été seulement influencée par une même dynamique de dépôt : il y en a eu plusieurs. Ainsi, nous comprenons bien que c’est l’érosion des roches en place (quartzites, schistes,) ou des environs du site qui préside à cette fourniture sédimentaire. Dans ce contexte, l’analyse des minéraux lourds corrélatifs de la sédimentation montre que ce sont essentiellement les roches cristallophylliennes aux abords du site, notamment les abords de la dépression de Bangui, qui ont libéré le matériel (NGUIMALET, 2003 c). La présence dominante du zircon, de la tourmaline et à un degré moindre du rutile dans les différents profils (de l’amont à l’aval) nous enseigne que le matériel proviendrait des roches acides de la région de Bangui (gneiss, quartzites, micaschistes…) ; la staurotide, le disthène, l’épidote, la hornblende, la sphène et le grenat sont des minéraux qui dérivent des roches métamorphiques, schistes, micaschistes et quartzites du Complexe de base. La surreprésentation du zircon, de la tourmaline et du rutile serait liée à leur résistance à l’érosion ou à l’altération (CENSIER et OLIVRY, 1993). Toutefois, il se pose un problème : l’éloignement du site d’échantillonnage par rapport aux formations géologiques à l’origine de la sédimentation, à l’exception des Grès de Bimbo qui sont les plus proches. Ainsi, comment pouvons-nous définir le sens de remplissage du fossé de Bangui ou de la progradation des sédiments ? En effet, nous avons l’impression que la structure des séries sédimentaires discordantes sur le socle précambrien dans la plaine du site de Bangui semble être la même, mais qu’elle est localement modifiée par l’altération latéritique (Figures 27 : p. 72, 30 : p. 78, 32 : p. 82 et 99 : p. 261). Lorsque nous prenons en compte les critères d’appréciation « pente » et « dénivellation » pour déterminer la direction du remplissage sédimentaire (Figure 28), nous sommes en droit de proposer que les matériaux proviennent grossièrement du NNE-NS et de l’Est ; mais dans cette dynamique, les apports de l’Oubangui ne seraient pas à minimiser, notamment à partir du SE et du sud. En tout cas jusque-là, aucune tentative d’explication plausible des conditions de remplissage du fossé tectonique de la plaine de Bangui n’a été avancée pour expliquer le caractère ubiquiste des strates de dépôts relevées par sondage. Ce qui devrait permettre de situer avec une plus ou moins grande précision les sources du matériel mobilisé et déposé. Néanmoins, la prépondérance des sables quartzeux et des nodules ferrugineux souvent emballés dans une matrice argileuse contribue à indiquer que les quartzites de Bangui et les Grès de Bimbo auraient libéré l’essentiel du matériel ; par la suite, il aurait été maintes fois remanié, d’où la présence de l’argile selon les modes d’écoulement et de dépôt, et celle des nodules ferrugineux. La composition de ce matériel détritique (argile, sables quartzeux, nodules ferrugineux) a été confirmée par l’analyse des minéraux lourds et par la spectrométrie à infrarouge (NGUIMALET, 2003 b). Or si les nodules ferrugineux sont corrélatifs des dépôts, cela suppose que la latérite qui les a produits a déjà existé, puis a été érodée et transportée ; les sédiments étudiés en contiennent des éléments remaniés. Ainsi, nous pouvons admettre que ce matériel latéritique provient de l’érosion. De plus, la mise en évidence des graviers de quartzites roulés d’environ 1 cm de diamètre à 3 m de profondeur laisse des interrogations sur les conditions de mise en place de ces séries sédimentaires ; un paléo-écoulement en régime semi-aride semble possible.