3. ESTIMATION DU POTENTIEL DES EAUX SOUTERRAINES

La porosité détermine la quantité d’eau qu’un aquifère peut contenir. Cette porosité est relative au volume total occupé par les vides, ou interstices, rapporté au volume total du milieu pris en compte. De fait, les caractéristiques texturales et structurales des roches conditionnent l’emmagasinement et la circulation de l’eau dans les nappes. En effet, la diagenèse et les différentes conditions de formation des roches sont d’abord déterminantes pour expliquer leur degré de porosité, ensuite les actions ultérieures dans ces roches telles les failles, les fissures agrandies par la dissolution et la météorisation, qui sont engendrées par des facteurs géologiques, climatiques et biotiques, représentent les voies par lesquelles l’eau circule dans ces terrains.

Selon PLOTNIKOV (1962), De MARSILY (1981), CASTANY (1998), et COSANDEY et ROBINSON (2000), la valeur totale d’une réserve dépend à la fois des caractéristiques du sol considéré, de son épaisseur et de son volume. Ces caractéristiques physiques contrôlent la possibilité qu’a un aquifère d’emmagasiner et de retenir de l’eau. Le contenu effectif d’un aquifère dépend de son taux de remplissage, lequel se rapporte aux entrées et sorties du système, soit du bilan de la nappe. Ce bilan hydrogéologique s’écrit :

S = Q e – Q s

dans lequel :

La connaissance des valeurs de recharge et des taux de sortie serait indispensable à la gestion des prélèvements à Bangui aussi bien dans les forages profonds que dans les puits traditionnels, afin d’éviter de forts rabattements du niveau des nappes.

A Bangui, le potentiel des eaux souterraines est déterminé principalement par le contexte bioclimatique, qui influence les précipitations et la végétation, et par la nature des terrains sous-jacents qui favorise l’infiltration de l’eau et l’écoulement souterrain. Dans cet espace urbanisé, peut également être prise en compte dans cette estimation la modification des conditions hydrologiques superficielles due à une hypothétique imperméabilisation du sol laquelle accroîtrait plus le ruissellement que l’infiltration. L’expérience du tarissement des puits traditionnels à Bangui en saison sèche nous montre que les eaux pluviales rythment la recharge de cette eau souterraine, ce au-delà des effets des aspects texturaux et structuraux des terrains qui peuvent dans le détail rendre complexe le cheminement de l’eau. Cette éventualité devrait relativiser la thèse de l’imperméabilisation du sol urbain vis-à-vis de l’infiltration dont le taux serait de l’ordre de 4 % selon les groupes d’études de la JICA (1999 b) : cette valeur nous paraît cependant discutable.

Le coefficient d’emmagasinement dans le cas d’un aquifère captif est le rapport entre la quantité d’eau que peut fournir une nappe et le volume de cette nappe. Il rend compte en fait du volume potentiel d’eau qu’un aquifère peut fournir ou stocker, d’où son importance en hydrogéologie (De MARSILY, 1982 ; CASTANY, 1998 ; COSANDEY et ROBINSON, 2000). Ces auteurs suggèrent, pour son obtention, des informations non seulement sur la vitesse de la circulation de l’eau, mais aussi sur la vitesse de transmission de la pression, qui est habituellement plusieurs centaines de fois plus rapide. Les captages peuvent aussi influer sur la grandeur des ressources exploitables du fait que les conditions hydrogéologiques varient au cours de l’année, voire sur plusieurs années, suivant les conditions d’alimentation des horizons aquifères (PLOTNIKOV, 1962). Il en résulte une variation du niveau des nappes souterraines, de leur débit, du débit des sources et d’autres indices hydrogéologiques, avec un effet sur la variation des réserves exploitables. Par conséquent, la grandeur des ressources exploitables dépend des conditions naturelles et de l’alimentation des horizons aquifères. Ainsi, l’exploitation provoque des variations considérables dans le régime de l’écoulement souterrain. Toutefois, sur la base des résultats de forages de reconnaissance, l’épaisseur de la couche aquifère du socle est estimée à 30 m (JICA, 1999 b) alors que les réserves sont mal connues. Son potentiel supposé est lié à ses moyens de recharge qui sont l’Oubangui et les eaux météoriques via la nappe libre. En revanche, les connaissances limitées et insuffisantes sur sa productivité ne permettent pas de préciser son taux de remplissage ou son bilan.