4.2.1. Le niveau hydrostatique

Il n’a pas été mené à Bangui d’études systématiques, voire fournies, sur les battements des nappes phréatiques qui pourraient nous aider à la connaissance du potentiel réel des eaux souterraines. Le principe général est que la nappe superficielle est tributaire de la variabilité saisonnière des précipitations, mais sa puissance ou son épaisseur sont mal connues en raison des micro-topographies variées à l’échelle de la ville, dont dépend le niveau piézométrique ; nous ne savons pas si les puits vont au fond de l’aquifère superficiel. Le niveau des nappes dans la couche d’altération ou les puits traditionnels est estimé d’après les maxima (octobre) et les minima (avril et mai) observés rapidement (PLESINGER, 1990). La différence est assez importante : variant entre 2 et 5 m ; la fluctuation globale s’approcherait de 8 m selon cet auteur en saison sèche (déficit hydrique). D’ailleurs, un brusque rabattement de 1,46 m en un mois est observé par un piézomètre dans les cherts de la formation carbonatée de Bangui (pk 4) au début de cette période (sèche), dans un forage. Ainsi, nous pouvons grossièrement penser que l’épaisseur de cet aquifère serait localement de 5 à 15 m du fait de la différence des niveaux topographiques et de l’altitude de la couche aquifère, mais aussi de la profondeur de certains puits que nous avons observés. De plus, le tarissement de la nappe superficielle dans les puits traditionnels devrait aussi s’expliquer par un excès de pompage à cette période à cause de l’importance du nombre des utilisateurs à Bangui et pas seulement par la variation de la réserve en l’absence de pluies. Ainsi nous pourrions penser que si le réseau de la SODECA (Société de Distribution des Eaux en Centrafrique) couvrait toute la ville, la consommation de l’eau des puits pourrait baisser, et qu’en conséquence il resterait peut-être de l’eau dans les puits quelle que soit l’intensité de la saison sèche. Le pompage des eaux de l’Oubangui qui sont traitées et distribuées n’affecterait pas les débits d’étiage, quels que soient les scénarios 48 .

Néanmoins, il existe des puits qui ne s’assèchent pas en saison sèche et fonctionnent toute l’année. Cela suppose que ceux qui tarissent ne sont pas assez profonds pour atteindre la partie quasi-permanente dont le niveau se situerait entre une profondeur de 12 à 16 m (POUNOUMALE, 2000). Ils ne s’exposeraient pas aux risques d’épuisement saisonnier (sauf si, de ce fait, la nappe était trop sollicitée…). Par ailleurs dans le cadre d’une synthèse sur l’hydrologie en Centrafrique, FEIZOURE (1996) a estimé les pluies efficaces sur la période 1959-1979, soit la fraction d’eau pluviale qui atteindrait la nappe phréatique. Elles seraient de 489 mm, soit 31,4 % du total précipité, sachant qu’il tombe 1560 mm. Ce chiffre est sensiblement supérieur à celui que nous avons calculé, qui est de 319,8 mm, pour une période un peu différente (1951-1989).

Notes
48.

Nous avons fait un test pour voir si le seul pompage d’eau fluviale de l’Oubangui suffit à produire de l’eau potable à Bangui et ne poserait pas de problème à l’écoulement de ce cours d’eau en saison sèche, où le débit minimal absolu a été de 227 m3.s-1 en avril 1990. Sur la base de 100 l.habitant-1.jour-1, nous avons calculé le volume d’eau à prélever pour approvisionner 150000, 200000, 700000 et 1400000 habitants. Nous avons obtenu 0,174 m3.s-1 pour 150000 habitants, 0,232 m3.s-1 pour 200000 habitants, 0,81 m3.s-1 pour 700000 habitants et 1,62 m3.s-1 pour 1400000 habitants. Ces résultats nous montrent qu’il y aurait de l’eau disponible même si la population de Bangui triple ou quatruple. Car le débit critique d’étiage calculé avec la loi de Weibull (méthodes de vraisemblance et des moments) nous donne respectivement 58 m3.s-1 et 56 m3.s-1 de fréquence millénaire. Ceci montre qu’aucun problème ne se poserait, il suffit d’accroître la capacité de production journalière.