6.2.2. Les débits des nappes à Bangui : puits traditionnels et forages

Les indications sur la productivité des nappes phréatiques à Bangui sont proposées dans le cadre de l’approvisionnement en eau de la ville et de la population (NGBOKOTO, 1988 ; JICA, 1999 b). Le « Projet d’Hydraulique Villageoise » a établi des estimations des débits de puits traditionnels sur neuf sites répartis dans l’espace urbain (in : NGBOKOTO, 1988). Ces sites correspondent aux puits traditionnels dans les quartiers localisés en majorité sur piémont et plateau : Galabadja 2, Galabadja Marché, Gobongo Mission (voir Figure 1 : p. 4) et dans la plaine (Kpéténé) (Tableau XXVII).

Les débits élevés s’observant donc dans les zones de piémont, cela confirmerait peut-être le caractère filtrant des terrains latéritiques, les altérites (saprolithes) sous-jacentes aux cuirasses. L’altitude ne devrait pas influencer les débits dans ces puits puisque le quartier de Boy-Rabé, qui est à la cote d’altitude comprise entre 420 et 400 m, présente des débits différents, des plus élevés aux relativement faibles : 1,2 m3.h-1 (D1 et D6), 6 m3.h-1 (D8) et 3,6 m3.h-1 (D9). Cependant, le débit le plus important est observé dans le quartier Kassaï à l’est de la ville : 7,2 m3.h-1.

Nous déduisons de ces estimations que la nature de l’aquifère aurait une incidence sur les débits mesurés, alors que les rabattements correspondants restent inconnus. Ces débits se prêtent mieux à une alimentation par des puits munis de pompes plutôt qu’à une distribution industrielle (NGBOKOTO, 1988). Les chiffres obtenus montrent donc que les débits sont dans l’ensemble faibles.

Nous avons aussi des données résultant des études de la JICA (1999 b), lesquelles ont permis d’évaluer à la fois les débits des puits traditionnels et ceux des forages. Ainsi, les données d’observation de 22 forages ont conduit à l’estimation du débit annuel total d’eau souterraine qui se chiffre à 0,24 MCM. Ce débit total est fonction de la consommation : la population et ses besoins dont voici les détails (Tableau XXXIV). Les débits des forages domestiques sont plus élevés (170 m3.jour-1) que ceux de la nappe de la latérite (cf. II, p. 94 ; VII ; Tableau XXVII).

Le débit du forage de la Brasserie CASTEL-BEER, qui est à Bimbo en dehors du bassin d’eau souterraine cible, n’est pas entré dans le calcul. Par contre, le forage du Foyer de Charité qui puise dans la couche aquifère du socle, est considéré dans cette estimation, mais son débit de 3000 m3.an-1, est jugé négligeable pour l’examen de l’équilibre de l’eau des forages. Au total, le débit de la couche aquifère de la latérite obtenu par forage a été estimé à 0,06 Hm3.an-1, soit 170 m3.jour-1 dans le bassin d’eau souterraine cible.

Dans le cas des puits traditionnels dont la consommation et l’usage sont importants à l’échelle de la ville, l’estimation du débit a préalablement tenu compte de certaines observations :

Dans le 1er Arrondissement où l’équipement est notable, l’eau des puits n’est utilisée que pour la lessive, le bain et le ménage, en complément de l’eau courante ;

Dans les zones non équipées (Bimbo 4, 5 et 7), la consommation moyenne d’eau des puits, estimée par enquête, se chiffre à environ 30 l.habitant-1.jour-1 ;

En revanche, dans les secteurs où prédominent les fontaines publiques, la consommation d’eau de puits par habitant est estimée à 23 l environ par jour ;

Dans les zones mixtes où coexistent des maisons équipées et non équipées, la consommation moyenne d’eau des puits par habitant atteint 27 l. jour-1, particulièrement dans le 8e Arrondissement et à Bimbo 2 (Tableau XXXIV).

Le débit total des puits traditionnels est estimé à environ 13200 m3.jour-1, soit près de 4,82 Hm3.an-1, qui sont pompés dans la couche aquifère de la latérite, au sein du bassin cible d’eau souterraine. Ainsi, il apparaît que la latérite fournit plus d’eau que le socle (Tableau XXXIII). Est-ce à cause de l’usage à outrance d’eau de puits que le caractère aquifère de la formation latéritique est démontré ou plutôt par ses potentialités hydrogéologiques stricto sensu ? Car l’exploitation actuelle des eaux souterraines est concentrée dans la couche de la latérite, et le volume pompé atteindrait 4,88 Hm3.an-1.

Les niveaux de consommation de l’eau des puits traditionnels estimés dans l’agglomération de Bangui (Tableau XXXIV), sont faibles dans l’ensemble alors que les ressources sont abondantes, mais l’eau peut encore manquer pour certains usages en saison sèche. Nous jugeons donc utile la récupération de l’eau des toits (dérivant des pluies) pour combler certains besoins et peut-être améliorer le taux de consommation par habitant en litres par jour) qui est loin d’atteindre 40 litres malgré les prévisions de la politique de l’eau en Centrafrique. En effet, cette perspective s’annonce intéressante du moins dans le contexte actuel où le pays sombre encore dans une crise politico-socio-économique et paraît souple du fait qu’elle ne nécessite pas de très gros moyens pour la collecte de ces eaux, le conditionnement ou le stockage et le traitement. Mais il faudrait une structure qui reste à définir pour s’occuper de cette tâche. Car si cette politique est bien menée et que l’eau est recueillie en quantité, nous pensons que l’on peut résoudre la question du manque d’eau épisodique en saison sèche et offrir de l’eau contrôlée à toute la population de l’agglomération de Bangui. Ce faisant, les difficultés d’accès à l’eau dans les quartiers populaires, que pose le tarissement des puits traditionnels, seront minimisées.

Les effets de l’urbanisation sur les nappes phréatiques s’appréhendent par les formes de pollution qui atteignent ces entités, alors que les processus de recharge ne semblent pas souffrir (d’alimentation) ; les PE sont estimées à environ 20-30 % des précipitations. Car cela se démontre à travers les pluies tombées en saison sèche qui influencent le niveau piézométrique (Figures 112).

Cette étude nous permet de remarquer que la topographie du site de Bangui détermine localement la surface piézométrique, et de ce fait la recharge, si nous couplons altitude relative et caractéristiques hydrodynamiques des terrains latéritisés ; ceci favorise l’infiltration plus aisée sur le piémont ou sur les plateaux que dans la plaine argileuse. Cependant, il transparaît des volumes d’eau pompés que les débits sont relativement faibles, que cela soit pour les puits traditionnels ou pour les forages.