CONCLUSION PARTIELLE

De cette analyse de la dynamique des zones humides et des eaux souterraines du site de Bangui en relation avec les eaux pluviales et l’occupation du sol, il se dégage que le poids de ces deux paramètres (eau pluviale et anthropisation) sur les objets étudiés est notable. Cette influence s’est manifestée par la pollution de la nappe phréatique par infiltration et exfiltration des eaux usées, dont certaines proviennent de la surface topographique, et aussi par la concentration des eaux de ruissellement dans ces bas-fonds habités et mal drainés. En effet, le couplage marais-rivières i.e. l’implication des marais qui concentrent et les rivières qui collectent les eaux de ruissellement, dans l’optique de la compréhension de la dynamique globale de l’eau à l’échelle urbaine, nous permet de rendre compte des potentialités de drainage (pente, exondation des terrains) de la ville. Les zones marécageuses se sont formées dans un contexte paléoclimatique et géodynamique que nous ne maîtrisons pas, mais il est réel que la présence de ces dépressions et le contexte de leur formation sont tributaires des mouvements de l’eau dans toutes ses formes en conditions naturelles. Le transfert de l’eau des versants vers ces milieux (après une averse) ne se faisait pas avec la brutalité et la rapidité que nous connaissons aujourd’hui du fait de la nudité du sol engendrée par l’urbanisation ; ceci modifie le fonctionnement hydrologique des marais bien qu’il soit encore saisonnier du fait de l’alternance des pluies et de la sécheresse. En saison pluvieuse, le niveau des marais augmente et les sols marécageux sont saturés d’eau, se comportant comme des « surfaces contributives » quand il pleut, tandis qu’en saison sèche, les eaux tarissent et les sols sont désengorgés ; les maraîchers les exploitent, et les constructions d’habitations se multiplient à cette période. Ainsi, nous comprenons que l’impact des eaux pluviales sur ces zones marécageuses s’observe à la fois par l’infiltration qui atteint la nappe phréatique qui les alimente, et par la concentration de ces eaux sous forme de ruissellement vers ces dépressions du fait de leur position en cuvette.

Quant à la situation des nappes phréatiques, les battements saisonniers de leur niveau suivent annuellement la variabilité des précipitations. Cela suppose que la recharge des nappes ne souffre pas de l’excès de ruissellement des eaux pluviales (atteignant environ 70 % des précipitations), ni de la compaction du sol urbain. L’infiltration semble se produire dans les bas-fonds et nous étayons cette hypothèse par des remontées de niveau de la nappe plus rapides à proximité des bas-fonds (vallées fluviales et marais). Cette tendance se remarque très bien lors des pluies isolées en saison sèche qui influencent le niveau piézométrique des puits traditionnels ; de plus, les fluctuations du niveau de la nappe profonde relevées par forage sont simultanées de l’évolution saisonnière des pluies (Fig. 112), indiquant bien que les deux nappes sont influencées par la rythmicité des précipitations. La pollution de celles-ci par les polluants d’origine humaine nous en donne la confirmation. Ainsi, les effets de l’urbanisation sur ces nappes phréatiques de Bangui se déterminent par les formes de pollution, et sont minimisés par la recharge car l’infiltration des eaux en saison pluvieuse, qui détermine le haut niveau des deux nappes phréatiques, montre que « l’imperméabilisation du sol urbain » est à relativiser. Car tout s’infiltre à partir des bas-fonds et des terrains latéritisés, et nous estimons les Cr (coefficients de ruissellement) pour les bas-fonds à environ 50-60 %.