2.1. Les cours d’eau et leurs « aménagements »

Nous avons présenté un paragraphe dans le chapitre V qui a traité des types d’aménagements qui ont affecté les lits fluviaux (§ 4.1 : p. 212 ; Figure 83 : p. 213). Ce point ici nous permet de détailler les formes d’aménagement contre les crues urbaines et leurs conséquences.

2.1.1. Les aménagements contre les crues et les inondations

Les aménagements hydrauliques ayant pour objectif d’exploiter l’eau des rivières à Bangui sous forme de barrage, de dérivation…, sont rares voire inexistants ; une exception concerne les eaux de la Kokpa 50 , un affluent de la rive gauche de la Nguitto, qui ont été dérivées par un canal linéaire : la technique a consisté à exhausser le fond du lit avec des gros blocs de quartzites pour concentrer les eaux juste en amont pour former un barrage, afin que le canal soit desservi. L’absence d’archives sur cet aménagement, qui ne fonctionne plus, nous prive de certaines informations sur les objectifs et les résultats obtenus ; seules nos observations de terrain l’ont mis en évidence. De plus, par photo-interprétation, nous avons reconnu des bassins piscicoles aménagés sur le cours moyen de la Nguitto en 1977.

Les aménagements classiques se sont matérialisés sur les rivières urbaines par des fossés de drainage ou collecteurs des eaux de ruissellement (Figure 83 : p. 212) ; ces aménagements sont réalisés par les pouvoirs publics pour absorber les eaux pluviales ruisselantes. Toutefois, les riverains ont aussi employé des moyens et méthodes qui ne sont pas toujours efficaces pour se prémunir contre la recrudescence des débordements des eaux. Pour cela, ils construisent des digues, soit en béton, soit en empilant de sacs vides de farine de blé qui sont remplis de sables et graviers ferrugineux pour obliger l’eau à emprunter uniquement son linéaire d’écoulement (Planche VIII, Photos A et B) ; cette seconde technique est aussi utilisée au cœur des quartiers à développement spontané qui manquent de structures de drainage ; les citadins sont obligés d’améliorer les lignes d’écoulement « naturelles » en les façonnant en caniveaux, puis les abords sont renforcés à la base par ces « sacs de sable » pour orienter le trop plein d’eau. Des levées de terre construites à partir des matériaux d’excavation sont également des moyens de protection, mais nous remarquons que ce procédé est davantage exposé au risque d’érosion par splash sur les terres de levée, ainsi qu’à l’érosion par les eaux de ruissellement à cause de la rapidité de concentration dans les collecteurs, ce qui peut engendrer des débordements.

Notes
50.

Elle a bien été détournée pour un projet d’aménagement piscicole des Eaux et Forêts. En effet d’après nos enquêtes, l’origine des stations ou centres piscicoles en Centrafrique est liée aux périmètres de reboisement dès 1952. Ce n’est qu’à partir de 1968 que différents projets s’intéressent à la pisciculture. Car à l’origine, les coloniaux qui reboisaient avaient besoin de l’eau pour alimenter les jeunes plants/pousses, et donc de la proximité des cours d’eau ; et comme ils avaient des engins qui leur permettaient de dériver l’eau et de construire les bassins, ils l’avaient fait et ont ainsi donné lieu à la naissance de la pisciculture dans le pays et dans la région de Bangui.