3.1.1. A propos de l’abondance des eaux et de ses impacts connexes

L’intérêt manifesté par l’administration de toute époque (coloniale et actuelle) en matière de gestion des eaux n’est que ponctuel, et révèle les effets nuisibles de l’eau (insalubrité, inondations), notamment quand la pression démographique pèse sur la disponibilité des ressources (alimentation en eau potable). La gestion de l’eau n’a jamais fait l’objet de concertation et de planification. C’est ainsi que les premiers travaux d’assainissement et d’adduction en eau n’ont été réalisés qu’au début des années 1950, avec la construction d’une station de pompage d’eau fluviale et d’une usine d’épuration de ces eaux brutes pour la consommation, et avec la modernisation du quartier de La Kouanga (lotissement, construction des voies, adduction en eau courante, électrification, habitations en dur,…). Nous expliquons cette évolution par l’augmentation de la population à l’époque, liée à l’exode rural, à l’envie de rejoindre un parent devenu fonctionnaire et par la concentration des services (I § 4.4 : p. 47). Or nous pensons qu’une bonne gestion des eaux en milieu urbain devrait se matérialiser par la prise en compte des besoins en équipements et les intégrer dans un plan d’urbanisme et dans une véritable politique d’urbanisation.

De plus, nous notons que le plan d’assainissement et de drainage financé par le PNUD et l’OMS en 1972, qui ne concernait que le façonnement des cours d’eau urbains (marécageux) en fossés collecteurs des eaux pluviales, consécutif à l’extension spatiale de la ville à l’origine d’un ruissellement généralisé, n’a jusque-là pas été réalisé dans sa totalité (Figure 9 : p. 33). De même, les collecteurs secondaires et tertiaires (caniveaux, canaux de drainage) qui, en principe, devraient soulager les collecteurs principaux en hiérarchisant l’écoulement, sont très insuffisants, voire inexistants ; pour éviter que les eaux pluviales ne prennent des raccourcis (itinéraires naturels, pistes piétonnières) selon la ligne de plus grande pente pour gagner rapidement les réseaux principaux et causer des dommages aux riverains, nous suggérons que les systèmes d’assainissement soient construits, avec un réseau dense. Jusque-là, le collecteur primaire du bassin-versant de la Guitangola par exemple n’est pas encore construit (Figure 9) ; cela est valable pour le tronçon de la Ngoubagara (ou Kouanga) dans son cours moyen, du Pont de Miskine vers l’amont, et aussi pour le tronçon de la Ngongonon (ou Sapéké) du Pont de Combattant vers le haut du bassin. Même avec la récente réalisation du collecteur de l’Ecole Normale Supérieure, reliant le quartier de Boy-Rabé et le collecteur Kouanga (cf. Ngoubagara), la question du transfert des matières (liquides et solides) nous semble encore loin d'être résolue. Nous observons sur certaines artères principales de Bangui (avenue des Martyrs par exemple), des dépôts de sédiments suite à chaque averse, qui donnent l’impression qu’elles s’enfoncent.