3.1.3. Les conséquences de l’essor démographique sur la qualité des ouvrages hydrauliques et sur l’adaptation du réseau aux besoins d’une population en croissance

Nous avons aussi remarqué que la croissance de la population est à l’origine d’une forte production sédimentaire et du dépôt en vrac de déchets ménagers qui gênent le bon fonctionnement des rares ouvrages d’évacuation des eaux dont la ville de Bangui dispose. Ainsi, le colmatage des principaux collecteurs par des débris minéraux résultant de l’érosion du sol nu urbain et de la végétalisation de leurs fonds, qui piègent les sédiments en transit, ajoutés aux débris organiques rejetés par les riverains, font que la ville a été soumise durant la décennie 1980 et au début des années 1990 à des inondations répétées. Depuis lors, le curage de ces collecteurs et le façonnement récent de certains tronçons de cours d’eau encore « naturels » (cf. sur la Ngongonon) tendent à réduire le problème. Toutefois, subsiste encore la question de l’évacuation des débris solides de tous ordres (sédiments, ordures ménagères,…) qui augmentent la rapidité du colmatage des drains et des fossés : il faut les entretenir une fois ces ouvrages construits mais hélas ! Dans cette ville de plus de 700 000 habitants, les services de ramassage des ordures ne sont guère existants.

En outre, nous constatons que la plupart des drains et caniveaux construits le long de nouvelles voies secondaires dans les quartiers populaires (de 1999 à 2002) ne semblent pas résoudre localement les lacunes d’évacuation des eaux, car ils paraissent perchés par rapport au sol urbain, et leur pente n’est pas adaptée. Ceci fait que les eaux de ruissellement suivent encore leur cheminement classique en l’absence de dessertes de voies, et ces drains et fossés sont inefficaces. Parfois, ces drains sont presque remplis de sédiments et nous ne voyons pas leur apport dans l’évacuation des eaux pluviales. Ceci nous amène à remettre en cause la conception et la réalisation de ces ouvrages qui sont en fin de compte inadaptés aux besoins réels.

Dans cette ambiance, la nécessité de la gestion des eaux à Bangui se pose avec acuité du fait du dynamisme démographique et spatial, et du cadre même du développement de la ville (législatif et réglementaire) qui ne s’y prête pas. La croissance démographique de Bangui est un phénomène de forte intensité : le taux de croissance annuel a été de 4,40 % entre 1975 et 1988, la population est passée de 279 792 à 451 690 habitants. Ce taux de croissance apparaît très fort si nous le comparons au taux national (2,66 %) et à celui de la population rurale (1,63 %) (RGP, 1988). Or le taux de croissance depuis l’origine de la ville jusqu’en 1975 a été de l’ordre de 6 à 7 %. Depuis la fin des années 1970, il ne cesse de baisser à cause du ralentissement des activités économiques, puis de l’exode rural, et se situe à 3,8 % actuellement (RGP, 1988). Sur la base de ce taux de croissance (3,8 %), nous estimons la population de la ville à 707 000 habitants en l’an 2000 (projection à partir de 1988), soit 255 000 habitants de plus qu’en 1988 (451 690 habitants), ce qui aggrave la question de cette difficile maîtrise de l’eau.

Ce mouvement démographique s’est accompagné d’une forte extension spatiale, caractérisée par une croissance spatiale non contrôlée de la ville (que nous estimons à plus de 20 km2 actuellement). Il s’en est suivi un sous-équipement progressif des quartiers, aggravé dans les zones périphériques par défaut de programmation et de financement. De ce fait, les populations de ces quartiers marginalisés n’ont pas accès aux services de base.