3.1.4. L’impact de l’absence du réseau d’assainissement sur la qualité de l’eau

La ville de Bangui manque depuis toujours de structures d’assainissement dignes de ce nom. Le principal inconvénient est que les pollutions d’origine humaine affectent les eaux superficielles et eaux souterraines destinées à la consommation. Jusqu’ici, les eaux brutes de l’Oubangui, traitées et distribuées, ne sont consommées que par 20 % environ de la population de la ville (§1) ; ce taux est peut-être à minimiser aujourd’hui. Si nous considérons que ce cours d’eau est bordé, de l’amont à l’aval, de villes secondaires de toutes tailles et de villages, et que les structures d’assainissement font cruellement défaut, il y a lieu de penser que ces eaux superficielles s’exposent à des pollutions de tous types. Or la très forte urbanisation entraîne la présence à l’amont des prises d’eau de zones très imperméabilisées, souvent à l’origine, par le truchement des réseaux de collecteurs qui les drainent, de dégradations régulières des ressources superficielles (HERREMANS, 1990). Dans le cas de la ville de Bangui, il s’agit des pollutions dites pluviales, qui résultent des rejets en rivières des eaux provenant du lessivage des zones urbanisées lors d’événements pluvieux. Ainsi, ces pollutions temporaires, dues aux précipitations, provoquent des perturbations graves de la qualité des eaux destinées à la fabrication de l’eau potable (Tableau XXXVIII) ; il faudrait des moyens techniques pour y faire face.

Tableau XXXVIII : Paramètres physico-chimiques d’eau brute de l’Oubangui exploitée par la SODECA
Année Date Temp.
(°C)
Couleur
(mg.l-1 Pt/Co)
Turbidité
(NTU)
pH TAC (°F) Nitrite (mg.l-1) Fer (mg.l-1) Sulfures (mg.l-1) Matières organiques (mg.l-1)
1995
02/03 27 15 3,5 7,4 9,5 - 0,587 - -
30/05 28 30 9,4 7,45 9,5 0,153 0,683 - 23,4 (31 mai)
10/08 26 60 36 7,0 2,5 0,084 1,361 - 3
09/11 - - 25 7,2 2,2 0,120 0,110 - -
1996
10/04 27 15 5,3 7,7 3,2 - - - -
05/06 24 60 36 7,6 3 0,075 0,259 - 15
30/08 25 60 32 7,2 2,0 0,026 0,076 - -
12/11 27 60 23 7,1 2,8 0,026 0,079 0,013 5,4
1997
21/03 29 15 2,3 8,1 5,0 0,005 0,008 0,002 6,4
26/05 29 30 8,4 7,5 3,8 0,008 0,011 0,005 7
16/07 28 - 24 7,4 3,4 0,004 0,107 0,000 -
30/09 26 60 33 7,1 3,2 0,028 0,006 0,008 -
1998
02/01 25 45 21 7,2 3,0 0,014 0,079 0,021 -
07/05 29 15 4,3 7,5 7,0 0,004 0,002 0,001 4,8
19/08 27 60 39 7,0 1,7 0,034 0,056 0,004 5
10/11 27 - 25 7,1 1,8 0,001 0,019 0,000 4,8
1999
02/03 27 30 5,1 7,6 3,1 0,003 0,026 0,001 -
24/06 27 30 24 7,2 1,8 0,014 0,011 0,000 4,8
13/12 26 15 20,5 7,1 1,4 0,000 0,016 - -
- - - - - - - - - -
2000
30/03 28 15 3,2 7,5 2,5 0,000 0,000 0,001 -
24/08 27,6 15 38,9 7,09 2 0,001 0,006 0,002 13,2
26/11 27,8 15 21 7,04 - 0,007 0,020 0,007 -
- - - - - - - - - -
2001
16/05 30,5 15 4,0 7,3 5,0 0,001 0,004 0,001 5,8
08/08 27,9 30 27,7 6,9 2,0 0,003 0,008 0,003 5,4
- - - - - - - - - -
- - - - - - - - - -
2002
26/02 29,8 - 4,61 7,42 6,4 0,001 0,008 0,002 3,2
- - - - - - - - - -
- - - - - - - - - -
24/10 27,8 - 25,5 6,92 2,8 0,002 0,009 - 6,0

Dans cette perspective, l’idéal serait de canaliser les eaux usées (domestiques, vannes ou industrielles) dans des réseaux séparés en amont et de les épurer avant de les déverser dans les rivières ou collecteurs. Mais considérant l’inexistence de ces dispositifs techniques à Bangui depuis la fondation de la ville en 1889, pouvons-nous espérer une restauration de la qualité « naturelle » de la qualité des eaux, notamment souterraines, polluées par les effluents de la filature de l’ex-usine UCATEX, les fosses d’aisance (latrines, lieux d’aisance) et les effluents ménagers et autres (intrants, lessive, vaisselle, pesticides…) qui ne sont pas encore connus ? Notre souci viserait à réduire d’abord les pollutions. Car, nous voyons que les sens d’écoulement des nappes souterraines de Bangui selon les bassins hydrogéologiques définis (Figure 34) ne semblent pas concorder avec cette hypothèse. Ainsi la pollution persistante de la nappe phréatique superficielle par les eaux de l’UCATEX, qui, à partir d’un bassin de réception au nord de la ville, finit par gagner progressivement la nappe du sud en direction de l’Oubangui, n’arrange guère les choses. De ce fait, en fonction des trois bassins hydrogéologiques, nous supposons que les pollutions de tous genres peuvent progresser dans le sous-sol par écoulement souterrain.