3.1.6. Quelques orientations

Les difficultés des branches « eau potable » et « assainissement » à Bangui, telles que nous les avons décrites précédemment, mettent en relief les limites du secteur et doivent être la base des réformes visant à innover et à améliorer les conditions d’adduction en eau potable et d’assainissement urbain. Car il faudrait une rupture avec la gestion passée pour redynamiser le secteur « eau et assainissement » de la ville. Un état des lieux s’impose pour cerner tous les détails relatifs aux facteurs de blocage du secteur, ceci dans le but de cerner les défaillances structurelles de ces systèmes afin de remédier durablement aux questions de pollution de l’eau ou de la matière première de l’eau et de dégradation des réseaux existants. A ce propos, DROUET (1990) a montré que les systèmes d’offre et services pour la distribution d’eau et l’assainissement urbain dans les principaux pays industrialisés (Etas-Unis, Allemagne, Japon, Angleterre, Italie et France) ont été modifiés durant les années 1980 en raison des difficultés structurelles de systèmes où les exigences de performances sont renforcées pour répondre à des problèmes nouveaux : les questions de pollution et de dégradation des réseaux, tout en ayant la possibilité de faire appel à des ressources technologiques plus variées. Cette démonstration est un canevas pouvant guider la rentabilisation des systèmes « eau et assainissement » à Bangui, du fait que les pollutions et la vétusté des réseaux sont un problème pour la qualité de l’eau potable. Par ailleurs dans l’étude des systèmes d’approvisionnement en eau dans les petits centres et villes d’Afrique (COING et al., 1998), l’organisation des services d’eau potable distingue les milieux urbains et ruraux. Les petits centres et les quartiers péri-urbains ont la particularité d’être des « espaces intermédiaires » au regard des catégories précédemment définies, car ils ont été négligés dans les organigrammes institutionnels. Nous pensons que le SDEA a pris partiellement en compte ces dispositions en distinguant en Centrafrique l’hydraulique urbaine et l’hydraulique rurale. Mais ces auteurs ont remarqué que les petits centres et les périphéries urbaines ont de puissants dynamismes démographiques et spatiaux, qui ont des incidences majeures sur la demande en eau à moyen terme. Néanmoins, cet aspect nous semble bien cadrer avec les réalités des quartiers à développement spontané de Bangui où les fortes densités de population ne correspondent pas aux systèmes d’eau et d’assainissement modernes. Cela pose des problèmes évidents. Après les évaluations de la première décennie de l’eau, il est recommandé que les projets contribuent à créer ou à renforcer des structures institutionnelles et des dispositifs financiers viables : ils doivent favoriser la formation des personnels impliqués et, enfin, encourager la participation (concertation, contribution financière, implication dans la gestion), mode plus applicable à l’hydraulique villageoise et peut-être aux systèmes de bornes-fontaines.

L’usage des bornes-fontaines à Bangui est un début de solution relative à l’AEP, mais nous estimons que cette solution demeure encore insuffisante du fait que le réseau ne longe que des voies de communication réglementaires, ce qui fait que ces points d’eau sont relativement éloignés des consommateurs. Il faut parfois plus d’un km de parcours aller-retour pour avoir de l’eau de robinet, ce qui ne nous semble pas incitatif pour la consommation ; plus des trois-quarts des habitants de ces secteurs n’ayant pas les moyens requis pour transporter cette eau selon leurs besoins. En revanche, c’est l’eau qui doit aller vers les utilisateurs du fait de sa disponibilité, afin que la consommation actuelle d’eau par litre et par habitant (estimée à 20-25 l.habitant-1.jour-1) puisse augmenter. Enfin, les problèmes des systèmes d’assainissement, déjà abordés, nous amènent indirectement à étudier les inondations à Bangui, lesquelles se produisent à cause de l’insuffisance du réseau d’évacuation, expliquant un ruissellement pluvial généralisé qui cause parfois des dommages aux citadins.