3.2.1. L’enjeu de la question des inondations urbaines et des inondations liées à l’Oubangui

Nous considérons les inondations comme un des éléments de base de la gestion des eaux. Notre hypothèse se fonde sur leurs effets nuisibles en milieu urbain, qu’il faudrait éviter par la prévention et la réglementation de l’usage du sol. Elles apparaissent en effet comme les conséquences de l’occupation anarchique du sol dans le cas de Bangui, et de la modification des conditions hydrologiques et géomorphologiques des bassins-versants par la présence humaine.

De fait, nous avons noté que la récurrence des inondations de l’Oubangui à Bangui et des cours d’eau urbains, dont certains tronçons ont été transformés en collecteurs principaux des eaux pluviales (Fig. 37), n’a jamais poussé les pouvoirs publics à prendre des dispositions réglementaires et juridiques pour circonscrire ces zones à risque (plaines, lits d’inondation), afin d’en empêcher leur occupation par des activités et établissements humains. Les pouvoirs publics se contentent toujours de ne réagir que pour apporter une « assistance sommaire » aux sinistrés (Planche X, Photo D), alors que ces phénomènes se produisent toujours dans les mêmes secteurs. Cela nous amène à supposer qu’une délimitation d’un espace de liberté des cours d’eau (PIEGAY et al., 1996), qui considère les zones de débordement de leurs eaux, serait une solution efficace et durable pour prévenir ces risques bien qu’il n’existe pas des plans officiels d’occupation et d’aménagement de ces lits majeurs. A partir de nos constats, l’enjeu de la colonisation de ces espaces se situe à l’interface du manque d’espace à bâtir et de la croissance démographique puisque, à Bangui, il n’y a pas de sociétés de construction qui s’occuperaient des logements (appartements, maisons résidentielles). La conséquence est la pression exercée sur ces zones normalement inconstructibles et à risque (vallées inondables et mal drainées, marécages) qui appartiennent logiquement à l’Etat, puisqu’il est le seul propriétaire foncier. Toutefois, les chefs de terre, de village ou de quartier se substituent à lui dans ces zones sans infrastructure pour délimiter des parcelles à construire moyennant une contre-partie, au mépris des inconvénients majeurs tels qu’inondations, écroulements des maisons, infection des maladies parasitaires, etc. Par ailleurs, nous proposons que des études hydrologiques classiques et des études d’urbanisme soient menées sur la base des phénomènes majeurs connus dans le temps et dans l’espace à Bangui, pour déterminer les périodes de retour (fréquence) et le dimensionnement des ouvrages de drainage.