4.3. Pour une bonne gestion de l’eau

Le concept de gestion de l’eau a beaucoup évolué de nos jours, car il implique la notion de durabilité dans la gestion et intègre des préoccupations sociales et environnementales aux critères traditionnels de performance technique et d’efficacité économique (GANOULIS, 2001). La gestion de l’eau est en cours de transformation pour s’adapter aux nouveaux changements socio-économiques qu’imposent les mutations des sociétés actuelles. Cette discipline est cernée à plusieurs niveaux, notamment scientifique (sciences de l’eau et de la terre), technique (domaine de l’ingénierie), économique (prix et tarification des services de l’eau) et social (perception publique de l’eau et de son utilisation). Du fait d’une certaine unanimité sur les limites de la technique seule à même de résoudre la question de l’eau, sur l’importance de l’environnement et des retombées sociales des projets de gestion de l’eau, et sur les nouvelles techniques informatiques appliquées à la planification et à la gestion des ressources en eau (SIG par exemple), cet auteur montre que ces changements ont entraîné la prise en considération de la gestion des ressources en eau en tant que processus technico-social compliqué, où plusieurs disciplines doivent être simultanément associées.

L’approche traditionnelle de la gestion des ressources en eau met l’accent sur la satisfaction des besoins de l’homme notamment dans les pays développés, aussi bien sur le plan de la quantité que sur celui de la qualité de l’eau. Nous pensons qu’il est indéniable dans le cas de la ville de Bangui de passer par cette gestion traditionnelle des ressources en eau, car malgré l’abondance de la matière première de l’eau (Tableau XXXVII), les besoins en eau tant du point de vue quantitatif que qualitatif sont des buts à atteindre. Le SDEA a prévu en fait une amélioration de la quantité et de la qualité de l’eau potable, et d’importants prélèvements pour les besoins agricoles et industriels. Mais nous ne sommes même pas encore à un début de réalisation.

Quant à la protection contre les inondations, le principe était la rétention de la totalité du volume de la crue extrême loin de la zone à protéger ou l’évacuation rapide des flux d’eau le plus loin possible. Ainsi, de grands barrages sont construits pour écrêter les crues, des lits fluviaux sont corrigés soit en élargissant des sections, soit en modifiant les sinuosités pour augmenter la rapidité du flux… Nous préconisons pour la ville de Bangui que des tranchées filtrantes et des puits d’infiltration soient construits pour absorber une partie des eaux de ruissellement pluvial, notamment dans les secteurs de piémont et de témoins de plateaux latéritisés et cuirassés là où la nappe phréatique superficielle n’est pas proche de la surface topographique, afin d’éviter la saturation du sol par capillarité, pouvant elle-même accélérer le ruissellement pluvial. Ceci ne sera possible que quand l’occupation de l’espace sera rationnelle, ce qui suppose que les quartiers à habitat spontané doivent disparaître. Il nous semble aussi possible que des collecteurs primaires (fossés, tronçons de lits fluviaux aménagés…) soient revêtus, car ils ont l’avantage d’avoir une faible rugosité, du fait de leurs parois lisses, qui leur permet donc de produire de fortes vitesses d’écoulement ; celles-ci proviennent de la soudaineté de la concentration des eaux pluviales. Mais il faut les curer de temps en temps car les pluies de faibles intensités donnent lieu à un dépôt de sédiments fins, favorables à la recolonisation végétale puis au piégeage de sédiments, comme nous l’avons remarqué sur certains tronçons de collecteurs revêtus à Bangui (V §5 ; Fig. 81). Toutefois, en matière de gestion du risque d’inondation, TORTEROTOT et ROCHE (1990) préconisent des évaluations socio-économiques des dommages subis, lesquels présentent une grande diversité tant dans leur nature physique qu’économique, pouvant se résumer aux « impacts immédiats » qui sont :

Nous constatons que la démarche proposée pour les évaluations socio-économiques des dommages causés par les inondations offre des éléments qui puissent être adaptés au cas de Bangui. Car les dommages causés par les inondations de 1973 et celles de 1999 par exemple n’ont pas connu ces degrés d’évaluation. Ces analyses succinctes offrent en réalité plusieurs modalités de gestion du phénomène inondation à court et moyen termes. Il en est de même de la synthèse présentée par COING et al. (1998). Nous avons retenu et proposé certains points communs aux problèmes de gestion de l’eau à Bangui tels que :