4. L’emprise de l’eau et les difficultés des aménagements liés à l’eau du site

Dans ce travail, nous avons voulu contribuer à mettre en évidence la persistance des problèmes liés à l’eau et la gestion des contraintes hydrologiques (pluies exceptionnelles, ruissellement, inondations,…) dans le temps et dans l’espace, depuis que la ville a existé il n’y a guère plus d’un siècle. Cette démarche se veut une géographie historique des effets néfastes de l’eau pour peut-être intéresser les pouvoirs publics à agir afin d’améliorer le cadre de vie urbain. De ce fait, l’évolution historique des crues, de l’AEP et de l’assainissement a révélé la somme des faiblesses en matière de gestion des eaux.

Notre analyse détaillée de la gestion des eaux a particulièrement insisté sur les inondations et les systèmes d’eau potable à Bangui, dont l’interface revient à l’assainissement. En effet, cette branche de la gestion des eaux à elle seule constitue un bon indicateur pour la maîtrise de l’eau et pour maîtriser d’autres effets néfastes (pollutions,…). Car l’évacuation séparée des eaux usées (eaux vannes, domestiques,…) et des eaux pluviales sécuriserait l’eau potable et réduirait le risque d’inondation. De nos analyses, la gestion des inondations paraît encore « artisanale », d’autant que les pluies génératrices sont rarement de très forte intensité, à l’exception des événements enregistrés dans l’Oubangui, dont l’importance dépend des précipitations sur toute l’étendue de son bassin-versant. Toutefois, les crues et les inondations constituent une partie des manifestations du cycle urbain de l’eau, et s’imposent comme des éléments majeurs dans la gestion intégrée des eaux, des territoires et de leurs aménagements. Ainsi, nous estimons qu’une gestion efficace des eaux devrait aussi concerner des événements extrêmes (crues et étiages), car la pénurie (étiages) ou l’existence de l’eau potable (crues exceptionnelles) en milieu urbain ou rural en résultent. Dans ce contexte, l’usage rationnel du sol, l’habitat et la législation sur l’eau devraient compléter les schémas directeurs d’urbanisme et de gestion de l’eau et de l’assainissement, pour créer un cadre nouveau et le début d’une nouvelle ère pour la gestion intégrée des ressources en eau.

Par ailleurs, notre contribution dans une perspective historique, par l’étude de la gestion antérieure des eaux à Bangui et des fréquences de crues passées de l’Oubangui de 1911 à 1999, devient une piste dans ce processus global en l’absence des archives sur les crues « historiques ». Par exemple, le débit moyen journalier maximum de 12 088 m3.s-1 en octobre novembre 1999, la dernière inondation de l’Oubangui, représente une période moyenne de retour de 10 ans sur la période 1911-1999, et de 50 ans sur la période 1970-1999. De même, nous avons pu étudier et spatialiser les inondations urbaines de septembre 1973 grâce aux archives. Ces démarches pourront peut-être servir de point de départ à une prise de conscience en matière de prévention des risques liés à l’eau. La question de l’AEP met en relief une disparité dans la distribution de l’eau potable, en raison de la différence d’équipements entre les quartiers lotis, équipés, et les quartiers périphériques, sans infrastructures. C’est ainsi que les quartiers périphériques ont plus contribué à polluer les eaux souterraines par la multitude de fosses d’aisance.