Université Lumière Lyon 2
Faculté de Géographie, Histoire, Histoire de l’Art et Tourisme
Département d’Histoire
Ecole Doctorale Sciences Humaines et Sociales
Thèse de 3° cycle pour le doctorat mention Histoire
Représentations et pratiques d’une société urbaineLyon, 1800-1880
Le 28 juin 2004
Sous la direction de
M. le Professeur Yves LEQUIN

Résumé

Représentations et pratiques d’une société urbaine. Lyon, 1800-1880.

Cette étude s’attache aux formes populaires et bourgeoises d’organisation du social à l’œuvre dans le Lyon du XIXe siècle. Le peuple n’existe pas d’un point de vue sociologique mais prend corps au travers de comportements partagés. Les bourgeoisies existent également en tant que groupe réuni par des attitudes communes. Mais entre elles et lui existe un réel fossé des sensibilités ; de plus, le pouvoir que les premières incarnent tente d’imposer ses propres normes au second. Le projet normatif du pouvoir a pour ambition de quadriller la société pour mieux la contrôler – vieille idée dont l’application n’a pu se faire qu’au XIXe siècle, notamment grâce à un système policier cohérent ; toutefois, si un contrôle s’exerce, la surveillance totale reste une chimère. L’autorégulation populaire, quant à elle, induit l’existence de normes devant être suivies par tous ; leur respect est assuré par le voisinage qui arbitre les différends par sa présence et ses éventuelles réactions. Ces deux façons de gérer le social fonctionnent selon le même principe mais sont en décalage, car le seuil de tolérance du pouvoir est plus bas que celui du peuple – d’où des incompréhensions, des oppositions, des tromperies mais aussi des accords et des modus vivendi. Au-delà de ces rapports de pouvoir, l’un des enseignements de cette thèse est que la société urbaine du XIXe siècle ne peut se résumer à un dépérissement de l’Ancien Régime ni se contenter d’être le prélude à la modernité du siècle suivant. Elle existe avec ses logiques propres, mais celles-ci semblent se déliter à partir des années 1880.

Mots-clefs

Représentations ; pratiques ; Lyon ; 19ème siècle ; peuple ;

bourgeoisies ; police ; sociabilités ; pouvoir ; normes.

Summary

Representations and Practices of a Urban Society. Lyon, 1800-1880.

This study tries to understand the popular and bourgeois forms of social organization in the 19th century Lyon. The people don’t exist in a sociological sense but take shape through shared behaviors. The “bourgeoisies” also exist as a group with common attitudes. But between them, there is a real gap of sensitivities; furthermore, the power represented by the “bourgeoisies” tries to impose its own norms. The power’s normative project wants to cover the entire society in order to control it – old idea whose application could not be possible before the 19th century, in particular through lack of a good police system; however, if a control is exerted, the total monitoring remains a chimera. Popular “self regulation”, as for it, leads to the existence of norms which have to be followed by all; their respect is ensured by the neighborhood which arbitrates disagreements by its presence and possible reactions. These two ways of managing the social operate in a same way but there is a gap between them, because the power’s threshold of tolerance is lower than the people one – hence disagreements, conflicts, deceits and also agreements and modus vivendi. Beyond all these relations of power, one of the lessons of this study is that the 19th century urban society cannot be come down to a falling of the “Ancien Régime” nor content itself to be the prelude to the modernity of the next century. This urban society has got its own logics which seem to disintegrate from the 1880’s.

Remerciements

Yves Lequin n’a pas seulement été un directeur attentif et disponible, il a été celui qui m’a donné envie de faire de la recherche et qui m’a formé au métier d’historien. Je ne saurais exprimer combien je lui suis reconnaissant pour tout ce qu’il m’a apporté depuis ce jour de 1997 où j’avais osé lui demander si je pouvais faire une maîtrise sous sa direction.

Que soient sincèrement remerciés tous ceux, professeurs et chercheurs, qui ont pris un peu de leur temps pour écouter un thésard parfois perdu dans ces questionnements. Olivier Faron a su faire partager sa curiosité et sa rigueur intellectuelle aux doctorants lors de ses années passées à Lyon en tant que professeur. Olivier Zeller m’a permis de participer à mon premier colloque et a eu la gentillesse de m’intégrer à ses programmes de recherche. Arlette Farge et Maurizio Gribaudi ont eu la patience de m’écouter exposer mes problématiques ; j’ai surtout eu la chance de bénéficier de leurs conseils.

Je voudrais tout particulièrement remercier, de l’ancien Centre Pierre Léon et du nouveau Laboratoire de Recherches Historiques Rhône Alpes : Sophie Chauveau, Marie Annick Cornec, Delphine Digout, Jean-Luc Pinol, François Robert et Pierre Vernus.

J’adresse également un merci tout particulier au personnel des archives et à celui de la bibliothèque universitaire. Ce travail a été facilité par l’aimable compréhension de Mme Florence Baume (ancienne responsable des Archives Départementales du Rhône) et de l’ensemble des personnes travaillant en salle de lecture des Archives Municipales de Lyon.

Les amis qui m’ont soutenu durant ces années savent combien je leur dois. Ils m’excuseront de ne pas tous les citer. Je pense surtout à ceux que j’ai côtoyés aux Archives, au Centre et, heureusement, ailleurs : Caroline, Malincha, Sophie, Florent, Jean-Christophe. Et puis, bien sûr, Carlos qui m’a accompagné tout au long du chemin (et en souvenir d’un mémorable périple écossais !).

Je remercie toute ma famille pour son soutien et, plus particulièrement, mes parents. Sans leur aide, sans leur confiance, cette thèse n’aurait jamais vu le jour. Qu’ils me permettent de leur dédier ce travail.

Enfin, last but not least, un immense merci à Céline – pour ce qu’elle fait pour moi. Elle est entrée dans mon cœur, j’espère qu’elle n’en sortira pas car son amour me fait vivre.

Epigraphe

« (…) bac +9 sans emploi avouable,
(…) vacataires sans faculté particulière,
(…) thésards recyclés en notes de bas de page (…) »
(Yves PAGÈS, Petites natures mortes au travail, 2000)