Peuple et bourgeoisies

Peuple français, peuple maori, peuple romain, bas peuple, bon peuple, peuple ouvrier, peuple des faubourgs… gageure de la définition 9  ! Au moins sommes-nous certain de travailler sur le peuple des villes – et encore cette assurance ne supprime-t-elle aucune chausse-trappe. Il existe peu de termes entretenant autant que celui de peuple un tel flou sociologique. Si restrictive soit-elle, sa composition reste toujours un assemblage d’individus de conditions, d’âges et de sexes différents. Comment s’accorder sur le sens d’un mot qui, dans certaines bouches, est accablé de sous-entendus péjoratifs et dévalorisants alors que, dans d’autres, il est auréolé d’une positivité revendicative ? N’est-ce pas encore un de ces « concepts à géométrie variable » dont on peut ‘«’ ‘ manipuler inconsciemment l’extension pour l’ajuster à ses intérêts, à ses préjugés ou à ses fantasmes sociaux ’» 10  ?

Tentons de ne pas nous égarer en débutant par une approche politique. Bien qu’elle soit a priori fort éloignée de nos préoccupations, elle est essentielle puisque la Révolution fit du peuple une réalité politique s’affirmant, soudaine et tumultueuse, à chaque révolte et révolution jalonnant le XIXe siècle. Se basant sur des réflexions élaborées à partir de 1789, Jacques Julliard a proposé trois définitions du peuple : ‘«’ ‘ le peuple nation ’» regroupant l’ensemble de la population (Mirabeau), ‘«’ ‘ le peuple tiers-état ’» des classes populaires réunies autour de la bourgeoisie (Sieyès), ‘«’ ‘ le peuple des travailleurs ’» enfin, comprenant ‘«’ ‘ les citoyens des quartiers populaires, commerçants, artisans et manœuvres ’» 11 . C’est cette dernière acception – celle du « quart-état » – qui correspond le mieux à notre recherche. Elle recoupe la triple définition des classes inférieures d’Ancien Régime tentée il y a déjà longtemps par François Furet 12  : économique (conditions de vie dépendant de la seule rémunération du travail fourni), sociale (« abîme social » sous une « communauté de titre »), politique (peuple inférieur donc menaçant). Utiles précisions, mais qui n’aident guère à renverser la défiance historiographique recouvrant le terme de peuple.

A moins d’être un spécialiste des mythologies politiques modernes, travailler sur le peuple en histoire contemporaine s’apparente à une hérésie – et ce pour trois raisons principales. Premièrement, les historiens, s’attelant au XIXe siècle, ont toujours préféré les ouvriers au peuple. A tel point que dans son article précité, Jacques Julliard, sous couvert d’évoquer le peuple, procède à une histoire politique de la classe ouvrière. Au temps de la prégnance intellectuelle d’un marxisme qu’il fallait défendre ou combattre plus ou moins ardemment, il était naturel – si ce n’était plus noble – de concentrer ses efforts sur la classe ouvrière 13 . La grande vague d’histoire des mentalités, qui submergea les rivages médiévistes et modernistes, ne fut plus qu’une vaguelette arrivée sur les côtes contemporaines. Les ouvriers, leurs organisations, revendications et actions restaient des grilles de lecture convenues apposées sur les XIXe et XXe siècles. L’importance et la grande qualité des travaux ont à ce point influencé notre regard que l’habitude est restée d’évoquer les ouvriers – compris bien souvent comme synonymes de peuple des villes. Plus récemment, les historiens ont déconstruit la classe ouvrière, mais les combats ont survécu, même lorsque les ouvriers ont été fondus dans un peuple forcément politisé à outrance 14 . Nous ne pouvons nous résoudre à adhérer à ce glissement de sens ni restreindre notre vision des classes laborieuses aux seuls ouvriers en grève ou sur les barricades. D’abord parce que le terme renvoie avant tout aux travailleurs de la grande usine, alors que la ville du XIXe siècle se caractérisait par l’atelier et la boutique ; ensuite parce que, dans les archives, les cordonniers, tisseurs, chaudronniers, etc., n’apparaissent pas comme les seuls représentants du peuple : les décrotteurs, les crocheteurs, les sans profession, tous ceux qui vivaient de petits métiers peu ou pas qualifiés, quelquefois à la limite de la légalité, étaient nombreux dans les rues des cités, tout comme les domestiques et les autres employés (le cocher aussi était un prolétaire) 15  ; enfin parce qu’il semble nécessaire d’écrire une histoire « au ras du sol » du peuple des villes, comme contrepoint aux études le figeant dans la gloire de sa geste politique.

Une deuxième raison au discrédit historiographique du peuple tient au fait que ce concept ne recouvre aucune réalité sociologique. Confronté à une telle critique, la lassitude nous envahit : quiconque souhaite rédiger une thèse sur les comportements populaires devrait-il au préalable étudier les recensements à sa disposition pour montrer ce qu’il entend par peuple ? Faudrait-il ensuite séparer les comportements des maçons de ceux des tisserands ou mettre en exergue les serruriers veufs originaires du mâconnais ? Cela nous rappelle ce colloque où quelques modernistes se querellèrent à propos de la définition fiscale du peuple ! Il est toujours possible de pousser une analyse jusqu’aux confins de l’absurde. Mais ce qui est justement intéressant dans l’étude des comportements relève de cette nécessité de transcender les particularités individuelles pour comprendre les fondements de la vie en société. Si on ne peut nier l’hétérogénéité constitutive des individus – les généticiens le savent bien –, s’il n’existe pas deux individus qui – en toute circonstance et à tout moment – réagiraient de la même manière, tous les individus suivent cependant des règles communes, des comportements communs tout simplement parce qu’ils vivent depuis des millénaires en sociétés plus ou moins organisées 16 . Cette deuxième raison de l’incongruité du peuple en histoire contemporaine est proche d’une troisième qui pointe son caractère démodé. Le peuple est effectivement démodé puisqu’il intéresse peu les contemporanéistes, hormis dans sa dimension politique. Depuis quelques années, la mode est au pluriel – ce qu’atteste volontiers la critique précédente dans sa volonté de parcellisation du social – et on ne travaille plus guère sur la classe mais sur des groupes. Une autre mode est à l’irréductible expérience individuelle. Certains ne manqueront pas, sans doute, de nous adresser de vifs reproches, arguant de la faiblesse du portrait général esquissé : « tout le monde ne fréquentait pas le cabaret », « chaque individu réagit différemment selon sa sensibilité propre », « les comportements ne sont pas aussi mécaniques », etc. Nous aurions pu nous pencher sur la vie d’une seule femme ou d’un seul homme mais, à moins de se faire le biographe d’un/e ermite, nous n’aurions pas connu de résultats révolutionnaires puisque l’unique ouvre sur le multiple (relations familiales, amicales, de voisinage, etc.). De plus, la miniaturisation a ses dangers : à force de vouloir se départir du marxisme et des « pesantes » démonstrations labroussiennes, méfiants vis-à-vis des comportements, les historiens peuvent parfois se priver d’une compréhension globale d’une société donnée. On ne peut se contenter de travailler uniquement sur l’exceptionnel et l’individuel ; au contraire, pour appréhender le foisonnement des divergences, il vaut mieux chercher d’abord le dénominateur commun si on ne veut pas écrire sur du vent. Et, on ne peut nier que la vie sociale impose à chacun un ensemble de règles formelles comme informelles ; par exemple, de nos jours, on se bat peu en pleine rue pour mettre fin à un différend et, lorsqu’un tel événement survient malgré tout, les passants ne se regroupent généralement pas autour des adversaires pour arbitrer le conflit voire prendre parti. Nous désirons aborder le peuple à la manière de l’ethnologue et de l’anthropologue, comme s’il s’agissait d’une peuplade lointaine ; ce faisant, il nous semble qu’avant de cibler des choix individuels, il convient de distinguer les comportements partagés, l’organisation sociale, les normes et les dérèglements. Comment aborderions-nous la description de nos comportements actuels ? Avant de détailler les expériences personnelles, on montrerait comment chacun d’entre nous suit des réactions communes du seul fait que nous vivons en société, tout en précisant que cela ne nous empêche nullement d’avoir des idées très arrêtées au sujet de tel ou tel voisin, de refuser tout contact ou d’en privilégier.

Bref, le peuple tel qu’on l’entend est un être collectif sans réalité individuelle – dans le sens où Arlette Farge ou Daniel Roche ont pu parler du peuple de Paris au XVIIIe siècle 17 . Point de démonstrations statistiques : tout lecteur comprend instantanément à quelle part de la population Daniel Roche fait référence quand il décrit la splendeur et les misères des clients d’un cabaret des faubourgs (récemment, revenant sur son ouvrage dédié au Peuple de Paris, il a précisé que son intention première avait été de travailler sur les classes laborieuses salariées dont les acteurs avaient tous une même appréhension et un même vécu du quotidien 18 ). Allons plus loin encore en déclarant que le peuple n’existe pas d’un point de vue sociologique. Ce qui ne signifie pas que le peuple existe seulement dans le regard de l’autre, qu’il soit la créature de ceux qui se construisent contre lui. En effet, ‘«’ ‘ le regard de l’Autre est-il suffisant pour conférer le sentiment d’une commune appartenance générateur de solidarité ’? 19  ». Non, sans aucun doute. Le peuple se définit d’abord par des comportements collectifs partagés. Ce postulat de départ reprend l’idée déjà ancienne de E. P. Thompson 20 . Sa thèse, sur la formation de la classe ouvrière anglaise, ne comportait aucune analyse sociologique mais partait du principe qu’il n’y avait de classe ouvrière qu’au travers d’actions collectives. Suivant Thompson, nous pourrions avancer qu’il n’y a pas de peuple sans conduites collectives communes. Sa définition de la classe nous convient parfaitement – il suffit simplement de remplacer « classe » par « peuple » :

« Quand nous parlons d’une classe, nous avons à l’esprit une catégorie de population définie de manière très vague, de gens qui partagent le même ensemble d’intérêts, d’expériences sociales, de traditions et le même système de valeurs, qui ont une disposition à se comporter en tant que classe, à se définir dans leurs actions et leur conscience en relation à d’autres groupes en termes de classes 21  ».

Le peuple, comme la classe, n’est pas une catégorie, ni même une structure, mais avant tout un « phénomène historique 22  » basé sur l’action et suivant un caractère dynamique. Exister ensemble, c’est prendre conscience de soi en tant que groupe et, si la classe prend corps parce qu’elle lutte, le peuple vit aussi au travers des ses rencontres avec les autres (et pas seulement sur le mode unique de l’opposition). A ces autres, justement, il faut à présent consacrer un peu de temps.

Trois termes principaux serviront à les évoquer : pouvoir, bourgeoisies et élites. Il y a peu à écrire à leur sujet, nous les avons déjà évoqués précédemment. Bornons-nous à rappeler que, lorsque nous utilisons le terme de pouvoir, nous faisons référence aux hommes de décisions qui définissent le projet de normalisation. En ce sens, il faut différencier ces hommes de pouvoir (souverains, ministres, préfets, maires essentiellement 23 ) des hommes du pouvoir chargés de l’application des décisions (commissaires et agents de police, sergents de ville, etc.). Bourgeoisies et élites sont des termes généraux qui ne s’appliquent pas exclusivement au politique et à la gestion de la chose publique. Ils sont davantage les pendants du peuple, en ce qu’ils font référence à des comportements et des sensibilités spécifiques et a priori opposés à ceux du peuple. Donc, comme lui, les élites se définissent en creux, par opposition, et n’existent que parce qu’elles regroupent tous ceux qui estiment avoir achevés le processus de normalisation.

Nous avons considéré comme synonymes bourgeoisies et élites – à tort, peut-être, car seules les secondes englobent l’ancienne aristocratie encore présente politiquement, au moins jusqu’en 1848. Il est vrai que, si la noblesse d’Ancien Régime n’avait pas totalement abandonné les rênes du pouvoir, le XIXe siècle marqua le triomphe de la société bourgeoise libérale ; c’étaient donc bien les bourgeoisies qui façonnaient les manières d’être de la bonne société du XIXe siècle. On n’oubliera cependant pas que les réflexions relatives à l’organisation sociale et à la préservation de l’ordre naquirent au XVIIIe avant d’être affinées et appliquées au siècle suivant. Quoi qu’il en soit, l’emploi de ces termes occasionne peu de difficultés puisqu’ils sont acceptés par l’historiographie dominante. Si nous récusons le concept d’ouvriers, nous acceptons bien volontiers l’usage de bourgeoisies, autre reliquat marxiste. Mais un pluriel distinctif facilite bien les choses et autorise cette survivance. Les historiens ont d’ailleurs défini les différentes couches composant les bourgeoisies et montré que, malgré les différents niveaux de fortune, seule comptait, pour leurs membres, la faculté à se retrouver dans des attitudes et des manières de pensée communes (sensibilités, regard porté sur le peuple, croyance dans le Progrès, etc.). Ce qui reste à démontrer pour le peuple l’a déjà été en grande partie pour les bourgeoisies 24 .

Sans doute devrions-nous clore ces quelques réflexions en abordant la question des classes moyennes. Ne serions-nous pas en train de répéter les schèmes marxistes en polarisant à outrance la réalité sociale – classes laborieuses contre classes bourgeoises ? Coupons court. Jusque dans les années 1880, ce que nous appelons actuellement les classes moyennes faisaient partie du peuple. En attendant les cols blancs et leurs désirs de s’extraire du monde ouvrier, les employés avaient, pour l’heure, une vision du monde proche de celle des travailleurs manuels. La proximité était importante entre eux, les maîtres artisans et les commerçants. Sous la Restauration, un commissaire de police classa les habitants de son quartier en quatre classes : seule la première groupant l’élite – principalement des négociants – ‘«’ ‘ approuv[ait] toutes les mesures qui tend[ai]ent au maintien de l’ordre ’» ; les trois autres – marchands et artisans, ouvriers, commis – se ressemblaient par leur indépendance vis-à-vis de l’autorité 25 . On sait aujourd’hui que l’artisan se différenciait peu de ses ouvriers ; un autre commissaire, celui de Vaise, ne classa-t-il pas dans la même catégorie les artisans et les journaliers 26  ? Effectivement, un ouvrier, dans un contexte économique favorable, pouvait monter son atelier mais, une fois patron, restait à la merci de perdre son nouveau statut ; dans une même vie, il était fréquent de connaître plusieurs successions de mobilités sociales ascendantes et descendantes. Quant aux commerçants, ils faisaient partie du peuple en ce qu’ils adoptaient les mêmes comportements et les mêmes logiques qu’une ravaudeuse ou qu’un garçon d’écurie ; de plus, l’artisanat – dominant le monde urbain – ‘«’ ‘ […] ne se sépar[ait] pas de la vente, donc du tertiaire’ 27  ». Nous aurons l’occasion de les retrouver dans les nombreux exemples présentés au cours de l’enquête. Relevons toutefois leur caractère singulier au sein du peuple – s’expliquant notamment par leur relative stabilité résidentielle et leur rôle dominant en tant que fournisseurs de biens de première nécessité – et leur propension à s’en détacher progressivement dans la seconde moitié du XIXe siècle. A la Belle Epoque, ils avaient certainement intégré les normes bourgeoises.

Notes
9.

Cf. Alain REY [dir.], Dictionnaire historique de la langue française, t. 2, Paris, Dictionnaires Le Robert, 2000 (première édition 1992), pp. 2693-2694.

10.

Pierre BOURDIEU, « Vous avez dit "populaire" ? », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, n° 46, mars 1983, p. 98.

11.

Jaques JULLIARD, « Le peuple », in Pierre NORA [dir.], Les lieux de mémoire, t. 2 : Les France, Paris, Gallimard, 1997 (première édition 1992), pp. 2359-2393.

12.

François FURET, « Pour une définition des classes inférieures à l’époque moderne », Annales ESC, n° 3, mai-juin 1963, pp. 459-474.

13.

Il serait hors de propos de citer ici les grandes études portant sur les ouvriers qui ont fleuri après guerre et notamment dans les années 1970. Les références les plus importantes sont données par Gérard NOIRIEL dans Les ouvriers dans la société française, XIX e -XX e siècle, Paris, Seuil, 1995 (première édition 1986), pp. 287-306.

14.

Danielle TARTAKOWSKY, Le pouvoir est dans la rue. Crises politiques et manifestations en France, Paris, Aubier, 1998, 296 p. ; Vincent ROBERT, Les chemins de la manifestation, 1848-1914, Lyon, Presse Universitaires de Lyon, 1996, 394 p. Même dans les ouvrages où la tonalité politique n’est pas exclusive, le peuple est plus facilement cerné au travers des moments révolutionnaires. Cf. Jean-Louis ROBERT, Danielle TARTAKOWSKY [dir.], Paris, le peuple, XVIII e -XX e siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 1999 (voir notamment leur introduction).

15.

Le Lyon du XIXe siècle n’était d’ailleurs pas le Lyon de la classe ouvrière mais celui du peuple : « La multiplicité des entreprises évoque beaucoup plus l’image d’un menu peuple que d’une classe ouvrière, où les niveaux intermédiaires se multiplient, où l’échelle sociale s’élargit aux échelons inférieurs et où sans doute le quotidien rapproche ». Yves LEQUIN, Les ouvriers de la région lyonnaise, 1848-1914, Presses Universitaires de Lyon, 1977, vol. 1, p. 170. Cf. également Maurice AGULHON, « La tradition politique du peuple de Paris de Waterloo à la Commune », in Jean-Louis ROBERT, Danielle TARTAKOWSKY [dir.], Paris, le peuple, XVIII e -XX e siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 1999, p. 132.

16.

Sociétés qui gèrent la majorité acceptant leurs lois comme la minorité les refusant.

17.

Arlette FARGE, Violence…, op. cit. ; Daniel ROCHE, Le peuple de Paris, Paris, Aubier, 1981, 288 p.

18.

Soit les ouvriers, les compagnons et les domestiques – ce qui exclut donc les maîtres artisans et boutiquiers indépendants. Cf. Daniel ROCHE, « Le peuple de Paris, vingt ans après », in Jean-Louis ROBERT, Danielle TARTAKOWSKY [dir.], Paris…, op. cit., p. 24.

19.

Ronald HUBSCHER, « Réflexions sur l’identité paysanne au XIXe siècle : identité réelle ou supposée ? », Ruralia, n° 1, 1997, p. 66.

20.

Edward P. THOMPSON, La formation de la classe ouvrière anglaise, Paris, Gallimard/Le Seuil, 1988 (première édition originale 1963), 796 p.

21.

Edward P. THOMPSON, « The peculiarities of the English », in Ralph MILIBAND and John SAVILLE [éd.], The Socialist Register, 1965, p. 357. Article cité dans Edward P. THOMPSON, La formation…, op. cit., Postface, p. 771. Eric Hobsbawm avait de son côté démontré l’existence, chez les ouvriers de la ville, d’une conscience commune s’expliquant par un mode de vie et une semblable manière de penser. Cf. Eric J. HOBSBAWM, L’ère des révolutions, 1789-1848, Paris, Hachette, 2002 (première édition originale 1962), p. 305.

22.

Edward P. THOMPSON, La formation…, op. cit., p. 13.

23.

Mais le pouvoir est aussi détenu par les propriétaires fonciers, les directeurs d’hôpitaux et d’œuvres charitables, les négociants, membres de divers bureaux (hygiène par exemple) ou de sociétés savantes, etc.

24.

Dans une récente synthèse de la ville moderne, Olivier Zeller écrivait que « […] l’avènement du libéralisme et le renforcement des Etats [firent] de l’état de bourgeois une position sociale avant tout définie par un mode de vie ». Olivier ZELLER, « La ville moderne », in Jean-Luc PINOL [dir.], Histoire de l’Europe urbaine, Paris, Seuil, 2003, t. 1, livre 3, p. 723. Cf. également Eric J. HOBSBAWM, L’ère…, op. cit., p. 328 et Adeline DAUMARD, La bourgeoisie parisienne de 1815 à 1848, Paris, SEVPEN, 1963, 662 p.

25.

ADR, 4 M 2, Rapport du commissaire de l’arrondissement de l’Hôtel de Ville au préfet du Rhône, 17/09/1826.

26.

Id., Rapport du commissaire du faubourg de Vaise au préfet du Rhône, 14/09/1826.

27.

Yves LEQUIN, « L’espace ouvrier : le regard géographique », Historiens et Géographes, n° 350, 1995, p. 233. Cf. aussi Christophe CHARLES, Histoire sociale de la France au XIX e siècle, Paris, Seuil, 1991, pp. 185-186.