Chapitre I — Le fossé des sensibilités

Le fossé des sensibilités est d’abord une histoire de contexte. Peuple et élites vivaient dans la même ville mais le regard de ces dernières paraissait décalé, comme s’il se portait sur un extraordinaire et terrifiant monde infernal. On ne possède sur le sujet que des témoignages des classes les plus élevées de la société : leur image de la ville conditionnait en quelque sorte celle qu’elles avaient du populaire, entre peur, fascination et rejet. Il est certain que le peuple ne s’imaginait pas ainsi ; il y avait bien un écart des sensibilités. Pour l’illustrer nous nous attacherons à présenter l’exemple de l’exécution capitale depuis les points de vue successifs du peuple et des élites. Mais avant cela, emboîtons le pas des observateurs bourgeois du XIXe siècle et suivons-les dans leur éprouvante visite de Lyon.