3 - Lyon, ville ouverte

Les discours étudiés montrent des élites qui avaient peur pour elles-mêmes, pour leur pouvoir et l’ordre en découlant, leur argent, leur virilité. Par-dessus tout dominait la peur des populations urbaines – proches physiquement mais si éloignées mentalement – dont les mécanismes de réactions échappaient aux élites. La peur de l’inconnu dominait, peur de ce qui n’appartenait pas au domaine du prévisionnel. Pour cela, le jeu de hasard était une peur très forte, notamment au début du siècle car – et cela inquiétait les élites – il touchait toutes les classes sociales : ‘«’ ‘ Il engloutit l’or du capitaliste et du négociant, et ne dédaigne pas le modique salaire de l’ouvrier ’». Le maire de Lyon se refusait à dresser l’inventaire des malheurs que le jeu provoquait, ‘«’ ‘ leur détail […] ferait frémir’ 234  ». Le projet de société dont les élites étaient porteuses était mis à mal par la passion du jeu qui détruisait l’amour, le travail, l’ordre, la prévoyance et l’esprit d’économie, et qui se trouvait ‘«’ ‘ […] en opposition avec les mœurs qui [pouvaient] seuls assurer la prospérité et le bonheur des Lyonnais’ 235  ».

Mais au cœur de cette angoisse de l’inconnu prenait place la figure tant fantasmée de l’étranger – autrement plus redoutable que le jeu.

Notes
234.

AML, I1 239, Lettre du maire de Lyon au ministre de l’Intérieur, sd [1806].

235.

Id., Lettre du maire de Lyon au ministre de la Police générale, sd [1806].