B- Bon peuple / mauvais peuple

Le peuple, selon les bourgeoisies, n’était qu’une ‘«’ ‘ […] population […] considérée comme n’appartenant pas à la ville [on peut comprendre n’appartenant pas à la société], comme suspecte de tous les crimes, de tous les maux, de toutes les épidémies, de toutes les violences, non seulement par ses caractères propres, mais par ce seul fait de son origine extérieure à la ville ’[…] 252  ». Quel constat ! La position des élites était intenable. Sa parade fut simple : de la même manière qu’elles concentraient leur vision négative de la ville sur les faubourgs, elles entretinrent une minorité de boucs émissaires et l’opposèrent sans cesse à une majorité de bons sujets 253 . Ainsi, à analyser de plus près les discours d’échafaud, on s’aperçoit qu’ils étaient plus « subtils » qu’une première lecture ne l’aurait laissé paraître. Les contours de la foule se précisent, le monstre informe laisse sa place à différentes figures symboliques et nettement marquées. Les discours, véritables palettes des sentiments d’incompréhension et de répulsion, ne retenaient qu’une partie de la réalité – la moins avantageuse – et l’amplifiaient à l’extrême.

Notes
252.

Louis CHEVALIER, Classes…, op. cit., p. 460.

253.

Partition déjà en vigueur au siècle précédent. Cf. Claire SIMON, « Images du peuple : discours et représentations des élites lyonnaises au XVIIIe siècle », Cahiers d’Histoire, n° 1, 1999, p. 66.