A - Le pouvoir s’adresse au peuple

Durant l’époque moderne, le cri céda le pas à l’affiche dans des villes qui s’étendaient et se peuplaient. Unique média de masse durant une bonne partie du XIXe siècle, l’affichage permettait au pouvoir de lutter contre les rumeurs, d’informer et d’éduquer les populations, davantage que ne le faisait le crieur dont les paroles s’envolaient sitôt prononcées. La méfiance suscitée par la probable déformation inhérente à la transmission orale fit préférer ce nouveau moyen de communication ; après tout, un quidam pouvait toujours vérifier la véracité d’une information saisie à la volée en en faisant lui-même la lecture. Le pouvoir avait fait le pari d’informer, estimant que si un peuple savant est dangereux, un peuple ignare l’est tout autant. Les affiches servaient donc à transmettre diverses informations choisies avec précaution et devant susciter un impact parmi les Lyonnais. Pour que cet impact fût réel, il fallait être sûr qu’il y eut transmission de l’information, c’est-à-dire que le plus grand nombre fût touché. Nous n’avons malheureusement que peu de documentation détaillée concernant la diffusion de l’information ; on sait seulement qu’en 1890, il y avait 242 emplacements dans la ville destinés à recevoir les affiches administratives. L’information ainsi affichée était lue, le plus souvent à haute voix pour que ceux qui n’étaient pas capables de la déchiffrer la partagent avec les autres car le commentaire de l’affiche était aussi important que l’affiche elle-même. A travers elle, le pouvoir s’adressait à son peuple, se montrait tel qu’il se voyait et le montrait tel qu’il le voyait.